Dans le Mayo-Danaï, département situé à l’extrême-nord du Cameroun, les rameaux agités en signe de célébration n’ont pas suffi à dissiper l’inquiétude. Ce dimanche, les fidèles de l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun (EFLC) ont vécu une Semaine sainte inédite, marquée par la fermeture de six de leurs paroisses par les autorités compétentes.
À l’origine de cette mesure administrative : une dette sociale colossale contractée auprès de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), s’élevant à plus de 152 millions de francs CFA.
Selon les informations disponibles, cette dette résulterait de plusieurs décennies de non-paiement des cotisations sociales, allant de 1990 à 2024.
Les scellés apposés sur les lieux de culte ont bouleversé le programme liturgique. Ne pouvant accéder à leurs églises habituelles, les fidèles se sont vus contraints de se regrouper sur d’autres sites improvisés pour commémorer l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem — un événement marquant dans le calendrier chrétien.
Ce choc spirituel et administratif soulève une série d’interrogations au sein de la communauté locale et nationale : comment une structure religieuse d’une telle envergure a-t-elle pu accumuler une dette aussi importante sans réaction préalable ? Quels mécanismes de contrôle ou d’alerte auraient pu éviter une telle issue ? Et surtout, quel avenir pour ces paroisses aujourd’hui inaccessibles ?
Pour l’heure, l’EFLC n’a pas encore réagi officiellement à cette situation, mais dans les rues de Guémé, Gobo, ou encore Yagoua, la consternation est palpable. Certains fidèles évoquent un “coup dur pour la foi”, d’autres y voient “un appel à la réforme dans la gestion des affaires de l’Église”.
Dans l’attente d’un éventuel dialogue entre l’administration fiscale et les responsables religieux, la communauté chrétienne du Mayo-Danaï entame sa Semaine sainte dans un climat d’incertitude — entre ferveur spirituelle et pression institutionnelle.