La météo est à l’orage au sein du Social Democratic Front (SDF).
Une vingtaine de hauts cadres du parti ont signé le 22 juin une déclaration dans laquelle ils demandent au président national de rapporter les nominations rendues publiques le 16 juin. Ils réclament également un audit des comptes et la convocation d’un NEC (Comité national exécutif) afin de fixer la date d’un congrès extraordinaire de cette formation politique.
Après les batailles médiatiques à distance entre les deux “chefs de guerre” du SDF, Joshua Osih, premier vice-président et député à l’Assemblée nationale, et Jean-Michel Nintcheu, député à l’Assemblée nationale, la déchirure est désormais consommée au sein de cette famille politique.
Ni John Fru Ndi, qui n’a plus l’énergie des années 90, où son seul poing levé suffisait à mettre tous ses partisans d’accord, a manifestement actionné le mauvais levier en prélude à sa succession programmée, en nommant des personnes jugées inféodées à Joshua Osih. Celui-là même qu’il pouponne de manière ostentatoire et qui a défendu les couleurs du SDF à la dernière election présidentielle, avec, au bout, un score assez mièvre.
Au sein de l’aile dure du “parti de la balance” incarnée par Jean-Michel Nintcheu, c’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
À l’analyse, il y’a peu de chances que le chairman annule les décisions signées le 7 juin, si tant est qu’il s’agisse d’une manœuvre assumée pour faire la courte échelle à Joshua Nambangi Osih, à la veille du congrès électif du parti prévu en 2023.
Il restera alors aux contestataires réunis à Mbouda “d’entreprendre d’autres actions pour sauver le parti”, comme ils l’indiquent à la conclusion de la déclaration du 22 juin.
À quoi pourraient ressembler lesdites actions ? Sans doute à une campagne de légitimation de leurs revendications et de leur combat, dans l’espoir de rallier le maximum de militants à la cause qu’ils défendent. De là pourrait provenir l’ultime déflagration puisque la dislocation du SDF va prendre définitivement corps avec le risque absolu que les signataires de la déclaration de Mbouda soient passés à la guillotine du 8.2, comme d’autres dissidents avant eux.
Une telle perspective consacrera inéluctablement la mort lente du SDF, du moins son rapetissement définitif sur l’échiquier politique national. Les plus pessimistes redoutent même déjà une “upécisation” du parti.
Les protagonistes des factions antagonistes en présence en ont certainement conscience. Ni John Fru Ndi encore plus. Mais que peut réellement le Chairman pour démêler cet écheveau rendu encore plus inextricable au crépuscule de sa carrière politique ? Son rapprochement décomplexé et continu avec le pouvoir et son état de forme actuel lui offrent-ils encore une marge de manœuvre suffisante pour maintenir le SDF dans une opposition frontale ou radicale fantasmée ?
Alors que Grand soir enveloppe déjà le sérail de son épais et insondable manteau noir, John Fru Ndi n’est pas différent d’un cycliste sur une pente raide.
Il doit pédaler et pédaler encore, question de s’aménager une porte de sortie à son goût, quitte à mécontenter une frange significative des cadres ambitieux, et pour certains, nostalgiques de l’âge d’or du parti dont il représente encore à peine la figure totémique. Pour le rôle qu’il a joué pour l’éclosion et l’expression démocratique au Cameroun, le Social Democratic Front mérite certainement meilleur sort.
George Alain BOYOMO, Journaliste, Directeur de publication de Mutations.
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