Dans une sortie musclée publier hier, le ministre de l’administration territoriale met en garde les associations et partis politiques engagées dans la coalition en vue de l’alternance. Il promet d’ailleurs des représailles contre ceux qui s’aventurerait encore à tenir des réunions politiques sous la bannière de ces mouvements.
La sortie de Paul Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale, publiée hier 12 mars a tout d’une déclaration de guerre. Dans son communiqué dont nous tenons copie, Paul Atanga Nji constate que « certains responsables politiques en quête de notoriété et au mépris des textes en vigueur, ont mis sur pied deux pseudo associations dénommées « Alliances Politiques pour le Changement » et « Alliance pour une transition Politique au Cameroun » dans la perspective des élections présidentielles de 2025 ». Malgré le caractère illégal de ces mouvements, leurs prometteurs tiennent des réunions, des conférences de presse et des concertations dans l’optique de recruter de nouveaux membres », écrit Paul Atanga Nji.
Le ministre de l’administration territoriale déplore le fait que « les promoteurs de ces mouvements clandestins sont allées rencontrer en prison des terroristes définitivement condamnés pour crimes graves planifiés et orchestrés dans la région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans le but de nouer des alliances politiques », ajoute-t-il. Tout en rappelant certaines dispositions de la loi, Paul Atanga Nji met en garde : « toute tentative d’organiser une quelconque activité sous les appellations susmentionnés ou toutes autres dénominations de même type en création sera désormais considérée comme un casus belli par le Minat », conclut-il, appelant les autorités administratives à sévir.
Cette sortie s’assimile à une réelle tentative d’intimidations à une période où les parties politiques sont déjà engagés dans les prémisses de campagne. Le plus curieux est que les menaces de Paul Atanga Nji sont en porte à faux avec la loi. Maitre Ntimbane Bomo pense que le ministre de l’administration territoriale ne comprend rien de la loi. « Les alliances des partis et acteurs politiques en vue d’entrevoir les conditions d’une transition ou d’une coalition future préparant l’élection présidentielle, ne sauraient être assimilés à des associations. Ces sont plutôt des cadres de concertation, des réunions pacifiques dans des lieux privés qui ne nécessitent par ailleurs aucune déclaration prévue par la loi n° 90/055 du 19 décembre 1990 portant sur les manifestations et réunions publiques. Cette tentative d’assimiler des cadres de concertation à des associations pour les interdire, relève tout simplement de l’abus de pouvoir ».
D’ailleurs la réponse des parties concernés ne s’est pas faite attendre. « Vos ultimatums à la ridicule n’enlèveront rien à la dynamique qui s’est déjà mise en branle, si vous tenez tant à rester au pouvoir travailler plutôt à ramener la majorité des Camerounais à vous faire davantage confiance pour d’autres mandats », a écrit Rolande Ngo Issi député du PCRN.
A son tour, Cabral Libii a convoqué une réunion de son bureau politique pour tabler sur la contribution de son parti politique à la plateforme des partis et associations civile en vue de l’alliance pour une transition politique.
De son coté, Jean Michel Nintcheu, le leader de l’Alliance pour le Changement a rappelé quelques faits à Paul Atanga Nji : « Depuis qu’il est dans ses fonctions actuelles, Monsieur le Ministre a vu agir la Plateforme pour la réforme constitutionnelle du système électoral. Mieux, il a piloté la mise en place de la coalition de vingt partis politiques dits de l’opposition, dénommée G20, qui a soutenu la candidature de Monsieur Paul BIYA à l’élection présidentielle d’octobre 2018. Faut-il le rappeler que les coalition politiques n’ont pas d’existence juridique autre que celle de leurs membres. À ce titre, l’APC ne se sent point concernée par les menaces contenues dans ce communiqué de presse du MINAT ».
Joseph ESSAMA