L’annonce de l’élévation de Mahamat Idriss Déby Itno au rang de Maréchal du Tchad, une distinction rare et symbolique, a fait couler beaucoup d’encre. Tandis que certains saluent une reconnaissance méritée de ses actions, d’autres dénoncent une glorification précipitée qui alimente frustrations et mécontentements au sein de la population.
Une fierté pour certains
Pour les partisans de Mahamat Idriss Déby Itno, cette élévation incarne la reconnaissance des efforts qu’il a déployés pour stabiliser un pays marqué par des crises successives. Son rôle dans la gestion de la transition, le dialogue avec les groupes politico-militaires, et la mise en œuvre du Dialogue National Inclusif sont mis en avant comme des jalons cruciaux de son parcours. Ces réalisations lui valent, aux yeux de ses soutiens, d’être hissé à un statut comparable à celui de son défunt père, le Maréchal Idriss Déby Itno.
Indignation et critiques
Cependant, une partie significative des Tchadiens voit dans cette distinction une manœuvre politique plutôt qu’une réelle reconnaissance de mérite. « Nous vivons dans une pauvreté criante, les jeunes manquent d’opportunités, et nos villages restent sous-développés. Pourquoi une telle élévation quand les priorités du peuple sont ignorées ? », s’indigne un habitant de N’Djamena.
Des voix accusent également l’élite politique de chercher à asseoir son pouvoir par des symboles pompeux, au détriment des réformes concrètes. « Le titre de Maréchal ne doit pas être une récompense personnelle, mais un symbole de service exceptionnel rendu à la nation. Ici, on a l’impression que l’histoire se répète pour glorifier une dynastie », déplore un analyste politique.
Un titre sous tension
Le débat soulève des questions plus larges sur la gouvernance au Tchad. Tandis que certains estiment que cette distinction renforce l’image d’un leader capable de défendre les intérêts du pays sur la scène internationale, d’autres craignent qu’elle ne creuse davantage le fossé entre les dirigeants et les citoyens ordinaires.
Au-delà des symboles, l’urgence demeure : répondre aux aspirations du peuple, qui attend plus d’actions concrètes pour améliorer son quotidien que de distinctions honorifiques.
Bachirou Elhadj BDO