Les mesures prises pour calmer les jeunes ulcérés par la vie chère dans cette partie du pays, ont plutôt engendré d’autres problèmes et vont en engendrer davantage.
Les autorités du Département du Noun en particulier et de la Région de l’Ouest en général, ont-elles des raisons de soupirer pour avoir réussi à étouffer les tensions sociales causées par la hausse de certains produits sur le marché et qui étaient en passe de se répandre ?
Peut-être. En effet, l’objectif immédiat recherché par ces derniers a bel et bien été atteint. Depuis que ces autorités ont décidé de la réduction de la somme de 200 Fcfa sur les prix jadis pratiqués dans la vente du ciment et des tôles, les rues ont cessé de tonner. Mais cela veut-il dire que tout est revenu à la normale ? Pas certain. Car à la suite de ces mesures que les autorités ont présentées comme provisoires, les populations parties parfois des autres villes de la Région de l’Ouest, ont aussitôt envahi les différentes quincailleries de Foumbot et ses environs. En l’espace deux jours, elles étaient déjà en rupture sur ces matériaux de construction. Depuis lors, les différentes villes du département du Noun ne sont plus approvisionnées. « Nous avons accepté de pratiquer ces prix simplement parce que les autorités nous les ont imposés. En réalité, nous ne gagnions rien. Nous ne pouvons pas accepter de faire des investissements dans un business qui ne nous rapporte rien, juste parce qu’il faut satisfaire la population », confie un gérant de quincaillerie dans la ville de Foumbot. « Nous prenons tellement de risques. C’est nous qui allons à Douala pour acheter du ciment, c’est nous qui nous occupons du transport ; c’est nous qui payons ceux qui déchargent.
En plus, nous avons un personnel qui attend à la fin du mois. Avec toutes ces charges, nous estimons que les prix que nous pratiquions nous permettaient d’au moins les supporter. Maintenant, c’est impossible. C’est pour cela que nous avons décidé de ne plus vendre de tôles, ni de ciment », poursuit cet opérateur économique. Depuis plus d’une semaine, les personnes ayant entrepris des constructions dans le Noun, sont contraintes d’aller acheter du ciment et des tôles à Bafoussam.
Ce qui pourrait progressivement occasionner une nouvelle flambée de prix dans la capitale de la Région de l’Ouest. « Ce que les autorités ont fait aurait pu être efficace si ça concernait l’ensemble de la Région de l’Ouest. Maintenant, nous aussi subissons parce qu’à cause de la forte venant également du Noun, nous éprouvons de la peine à trouver du ciment ou des tôles », relève un habitant de la ville de Bafoussam.
Ces mesures superficielles ont certes ramené le calme, mais les tensions qui sont latentes et bouillonnent dans toutes les principales villes de la Région de l’Ouest, pourront à tout moment exploser. Et cette fois-là, le spectre sera plus large.