Madias Dodo Nzesso Ngake est la dernière athlète du Cameroun a avoir remporté une médaille olympique. Elle est aujourd’hui oubliée, comme beaucoup d’autres athlètes qui ont performé pour le compte du Cameroun, sans avoir reçu de reconnaissance du gouvernement camerounais.

Après avoir participé aux Jeux Olympiques de 2012 dans la discipline de l’haltérophilie, c’est sept ans plus tard que la championne d’Afrique Madias Nzesso Ngake recevra la médaille de bronze, et ce, en raison de la disqualification des précédentes lauréates de sa catégorie. La championne d’Afrique récupère le bronze après la disqualification des athlètes russe, kazakhe et biélorusse qui s’étaient classées devant elle. Le Cameroun décroche ainsi sa sixième et dernière médaille de son histoire aux Olympiades. Elle, qui était à la sixième place, a été classée troisième.
« Après avoir terminé 6e lors de l’épreuve féminine d’haltérophilie dans la catégorie des 75 kg aux Jeux Olympiques de Londres 2012, Madias Nzesso se classe désormais à la 3e place. Ceci, après disqualification par la Commission disciplinaire du CIO des trois athlètes qui occupaient les trois premières places dans ce classement. Il s’agit respectivement de Svetlana Podobedova du Kazakhstan, Natalya Zabolotnaya de Russie et Iryna Kulesha de Biélorussie », pouvait-on lire sur le site Internet du Comité national olympique et sportif du Cameroun (CNOSC).
Le Cameroun récoltait ainsi sa sixième médaille olympique, après la médaille d’argent remportée par le boxeur Joseph Bessala aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968, la médaille de bronze du boxeur Martin Ndongo Ebanga obtenue aux Jeux de Los Angeles en 1984, la médaille d’or remportée aux Jeux Olympiques de Sydney en l’an 2000 par l’équipe nationale de football, les Lions indomptables, ainsi que les deux médailles remportées en 2004 et 2008 par Françoise Mbango au triple saut aux Jeux d’Athènes et de Pékin.
Cependant, Madias Nzesso Ngake n’a pas obtenu une attention particulière au Cameroun. On se souvient d’ailleurs qu’en 2020, une histoire de primes impayées avait éclaté sur les réseaux sociaux. Sur une note qui avait largement circulé, on pouvait lire des accusations portées contre des fonctionnaires du ministère des Sports et de l’Éducation physique en rapport avec un détournement présumé des primes des haltérophiles camerounais entre 2007 et 2011, parmi lesquels Madias Nzesso. Elle réclamait plus de 100 millions FCFA de primes.
À l’heure où le gouvernement camerounais honore les athlètes camerounais d’origine qui performent pour d’autres nations, la question se pose sur la valeur accordée à ceux qui luttent pour l’honneur du pays, généralement abandonnés à eux-mêmes. On se rappelle que Françoise Mbango (officier du mérite camerounais), double médaillée d’or olympique pour le compte du Cameroun, avait fini par rejoindre l’équipe de France en 2010 pour les prochaines compétitions. « Quand j’ai rapporté la médaille d’or des Jeux Olympiques, on m’a promis une enveloppe, une villa et une voiture. Pour la voiture, j’ai dû aller à Mvomeka’a pour me plaindre car c’est la femme d’un ministre qui conduisait ladite voiture. C’est le ministre Mbarga Mboa qui a intervenu pour qu’on me remette ma voiture », avait-elle affirmé lors d’une interview. Elle ajoutait : « Pour la villa, un autre ministre a dû intervenir pour qu’on me donne non pas une villa mais un appartement dans un camp sic. Pour l’enveloppe, il a fallu qu’on intervienne une fois de plus, pas pour qu’on me remette l’enveloppe prévue pour cela mais plutôt pour me remettre une enveloppe qui était prévue en guise de préparation pour aller aux Jeux Olympiques ».
Pratiquement tous les athlètes se plaignent au Cameroun, mais les conditions peinent à s’améliorer. Les infrastructures sportives permettant leur préparation sont quasi inexistantes. L’athlétisme au Cameroun est à l’abandon. On se rappelle encore d’un boxeur Muay Thai qui a reçu 10 000 FCFA comme prime après avoir remporté un tournoi.