Le gouvernement du Cameroun veut racketter la presse internationale – Les journalistes étrangers voulant couvrir la 50e session du Conseil des Ministres des Affaires Étrangères sont appelés à s’acquitter d’un montant exorbitant afin d’obtenir une accréditation leur permettant de prendre part à l’évènement.
Le gouvernement camerounais est passé maitre de la fiscalisation à outrance. Cette fois, c’est la presse internationale qui est ciblée par les caisses de l’État. Selon un communiqué du gouvernement camerounais publié en vue de la 50e session du Conseil des Ministres des Affaires Étrangères, les journalistes étrangers qui souhaitent s’accréditer pour couvrir cet événement doivent fournir entre autres : une « photo d’identité récente (format passeport) en format Jpg, Jpeg, Png, Gif; Pièce d’identité valide; copie du passeport ou autre document de voyage en cours de validité; une pièce attestant de l’appartenance au métier de journaliste ou tout autre profession annexe; une réservation d’hôtel ou une attestation de prise en charge par le partenaire au Cameroun; motivations pour le projet; plan de tournage faisant ressortir les sites retenus) », lit-on dans le site dédié à l’évènement.
Si ces premiers critères énumérés ne font pas l’objet de curiosités, la suite des conditions à remplir suscite des interrogations. Le gouvernement camerounais demande en plus aux journalistes étrangers de fournir « une liste du matériel professionnel utilisé (en précisant les caractéristiques techniques) » et surtout de s’acquitter d’« une quittance de 100.000 Francs CFA payable au Trésor Public au Cameroun (les correspondants des médias peuvent être mis à contribution) », conclut l’annonce.

De l’avis de plusieurs journalistes, ces exigences sont inédites dans l’histoire des demandes d’accréditation dans le monde. Certains pensent que le gouvernement camerounais n’a plus de limites dans son projet du « trop élargissement de l’assiette fiscale », au point de cibler même la presse dont le travail participe au service public. « Cela peut s’expliquer par ce que nous observons tous à savoir la fiscalisation démesurée. Vous avez vu cette semaine le ministre des Finances a clairement indiqué que le défaut de déclaration des revenus pourrait valoir au citoyen réfractaire de ne plus avoir accès à certains services financiers aussi bien dans l’administration publique que dans certaines structures assujettis ou assimilés dès lors que ce dernier est incapable de produire son certificat de conformité fiscale. Naturellement après les citoyens lambda, l’Etat a trouvé bon de cibler la presse », commente un internaute.
D’autres en revanche pensent qu’il s’agit tout simplement d’une atteinte à l’exercice de la profession de journaliste. « S’il y a une rencontre internationale au Cameroun et que la presse internationale ne peut pas venir collecter et diffuser librement cette activité, il faut comprendre qu’il y a un gros problème », estime un journaliste.
Sur les réseaux sociaux, la journaliste Claude Sandra Deutou a dénoncé un scandale, expliquant qu’un tel évènement ne doit pas « être une occasion pour renflouer les caisses de l’État ».
A noter qu’aucune information n’a fuité sur la procédure d’accréditation des médias locaux. La 50e session du Conseil des Ministres des Affaires Étrangères se tient à Yaoundé du 29 au 30 aout prochain.