La présidente du Conseil d’administration du Réseau des défenseurs des droits humains d’Afrique centrale (Redhac), maître Alice Nkom, figure de la société civile, connue aussi pour son combat pour les droits des personnes LGBT, est convoquée ce 14 janvier 2025 au service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale à Yaoundé, suite à une plainte de l’ONG Observatoire du développement sociétal (ODS) pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « financement du terrorisme ».
C’est un jour d’anniversaire pas comme les autres. Alors qu’elle fête ce 14 janvier ses 80 ans, Maître Alice NKom, la présidente du conseil d’administration du Réseau des défenseurs des droits humains d’Afrique centrale (Redhac), doit répondre des accusations « atteinte à la sûreté de l’État » et « financement du terrorisme », portées contre elle par l’ONG Observatoire du développement sociétal (ODS). Pour justifier sa plainte, l’ONG s’appuie sur certaines déclarations tenues il y a plusieurs années en Allemagne lors d’un forum sur la paix et la transition organisé à Munich par une organisation de la diaspora camerounaise.
Un événement auquel avaient également pris part à l’époque deux autres avocats : maître Kah Walla et maître Emmanuel Simh, tous deux engagés politiquement dans l’opposition au Cameroun. Dans une lettre qu’ils ont adressée au commissaire du gouvernement du tribunal militaire de Yaoundé, les deux juristes dénoncent des accusations « graves et fantaisistes » contre maître Alice Nkom et demandent à être eux aussi convoqués. « Si le commissaire du gouvernement veut auditionner Me Alice Nkom et qu’il veut être cohérent dans ses actions, il devrait alors nous auditionner ensemble avec elle », affirme Maître Kah Walla.
« À cette conférence, nous étions trois personnes ressources invitées », affirme maître Kah Walla au micro sur RFI. Me Emmanuel Simh, moi-même, et Me Alice Nkom. Et nous estimons que cette plainte qui a été déposée par une ONG, dont personne ne connaît ni l’activité ni le siège, est en fait un instrument d’intimidation. Il semblerait que le régime Biya a décidé de déclencher sa machine d’intimidation très tôt dans cette année électorale où nous nous situons [la présidentielle est prévue en octobre 2025, NDLR]. Si le commissaire du gouvernement veut auditionner Me Alice Nkom et qu’il veut être cohérent dans ses actions, il devrait alors nous auditionner ensemble avec elle. »
Elle conclut : « 2025, c’est une année où nous n’allons pas permettre ni violence ni intimidation de la part de notre gouvernement, dont la responsabilité c’est de garantir les droits des Camerounais. »
Le 9 janvier 2025, l’ONG Amnesty avait dénoncé un harcèlement judiciaire et interpellé les autorités camerounaises sur la situation des organisations de la société civile et plus particulièrement sur celle d’Alice Nkom, convoquée à plusieurs reprises par la préfecture et la gendarmerie.