Convoquée par le préfet du Wouri : Alice Nkom répond par un sermon à la justice – Maître Alice Nkom vient de publier un sermon d’amour et de justice pour accompagner la nouvelle convocation que lui a adressée Sylyac Marie Mvogo, le préfet du Wouri.
Malgré les menaces des autorités administratives, Maître Alice Nkom est restée droite dans ses bottes. Dans cette sortie qui s’assimile à un appel à la justice et à l’amour, maitre Alice Nkom écrit : « Dans la vie, s’affrontent régulièrement deux camps : celui des donneurs et celui des receveurs. Et nous savons bien à quel camp nous appartenons. Les défenseurs des droits humains sont de petits remparts, fragiles mais courageux, contre les dérives autoritaires et totalitaires d’un État. Tels des digues face à la marée montante de l’injustice, ils se tiennent là, fermes malgré leur vulnérabilité. Mais lorsque l’État s’attaque à ces gardiens de la dignité humaine — autrement dit, aux défenseurs des droits de toutes et de tous — le rempart cède. Alors, les droits humains tombent, oubliés, écrasés sous le poids des ténèbres d’un avenir incertain », pense l’avocate de 79 ans.
« Je suis avocate, une défenseure des droits humains, une humaniste. Je suis une femme, telle que Dieu m’a créée, avec mes forces et mes faiblesses. Je suis mère, une mère biologique et aussi une mère adoptive par le cœur, car le cœur ne connaît pas de frontières lorsqu’il s’agit d’aimer et de protéger. Je suis une amie, portée par la bienveillance et l’amour que je m’efforce de donner à ceux qui croisent mon chemin », confie-t-elle.
Après plus de 54 ans d’exercice, Maitre Alice Nkom pense avoir mené un combat sans compromis. « Ne vous y trompez pas. Comme avocate, j’ai toujours défendu vos droits, sans compromis ni arrière-pensée. Comme militante des droits humains, j’ai fait exactement la même chose. Je n’ai pas choisi les personnes, j’ai choisi la justice.
Oui, j’ai défendu des hommes accusés de vol. Cela fait-il de moi la mère des voleurs ? Oui, j’ai défendu des hommes accusés de viol. Cela ferait-il de moi la mère des violeurs ? Non, mes amis. Cela fait de moi la mère du droit, la mère de tous ceux qui, dans l’abîme de leur souffrance, n’ont plus personne pour se tenir à leurs côtés. Je suis celle qui visite les prisonniers, celle qui visite les malades. Je suis celle qui tend un bout de pain à celui qui a faim, un verre d’eau à celui qui a soif, et donne un vêtement à celui qui est dévêtu. Je viens au secours de l’étranger ».
Alice Nkom estime que « dans mon cœur, il y a une place pour tous, car je crois que la justice est indivisible. On ne peut pas choisir qui mérite des droits et qui n’en mérite pas. On ne peut pas diviser l’humanité en catégories. Nous sommes un, tous liés par la même dignité.
J’essaie d’être cette mère-là : une mère qui croit que l’amour, la justice et la compassion peuvent vaincre les forces les plus sombres. Une mère qui refuse de laisser qui que ce soit en arrière. Tout le reste, mes enfants, chers amis, n’est que palabre. Le combat pour les droits humains est un combat pour l’amour, pour la vérité, pour la vie », conclut-elle.
Ce sermon a été publié à la suite d’une nouvelle convocation adressée par le préfet du Wouri. Dans celle-ci, Alice Kom est invitée à se présenter dans les services de la préfecture du Wouri le 19 décembre prochain à 10 heures, à l’effet de donner des explications sur ses actes hautement blâmables, selon le préfet du Wouri.
On se souvient que la semaine dernière, agissant en tant que membre du Conseil d’administration du Rhedac, Alice Nkom avait brisé les scellés apposés à l’entrée du siège de l’association par le Sous-préfet de Douala Ier. Les scellés avaient ainsi été apposés à la suite de la suspension de la plus grande organisation de défense des droits de l’homme du Cameroun, par le ministre de l’administration territoriale. Une suspension illégale selon plusieurs experts de droit.