Dans les profondeurs de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, dans le département de Mayo Tsanaga, des hommes et des jeunes se battent chaque jour pour protéger leur localité des attaques incessantes de Boko Haram. Ces héros de l’ombre, membres des comités de vigilance, assurent la sécurité des villages en première ligne. Pourtant, leur engagement et leur courage se heurtent à des défis presque insurmontables, et leur souffrance demeure largement ignorée, bien que leur rôle soit crucial dans cette guerre asymétrique.
Armés de machettes, de bâtons, de flèches et d’outils rudimentaires, ces citoyens se retrouvent sur le terrain pour affronter les assaillants lourdement armés. Ils sont loin des militaires équipés de manière professionnelle, et pourtant, ce sont eux qui mènent la première ligne de défense. Leur mission est simple mais périlleuse : défendre leur village, leur famille, leur communauté, contre un ennemi sans merci. Mais souvent, ces courageux combattants se retrouvent dans une situation de vulnérabilité extrême.





Ils se battent sans protection adéquate, exposés aux balles des terroristes, et parfois, leur engagement les mène à la mort. Des membres des comités de vigilance, armés de simples machettes, tombent sur le champ de bataille, leurs corps sans vie retrouvés après des échanges de tirs intenses. De nombreux blessés, traumatisés, et épuisés, poursuivent cependant leur mission, la peur au ventre mais toujours animés par un sens du devoir qui dépasse les simples considérations personnelles.
Ce qui est peut-être le plus poignant dans cette situation, c’est l’absence de soutien de l’État. En dépit de leur sacrifice quotidien, ces hommes et jeunes n’ont pas de salaire, de couverture sociale ou d’aide matérielle. Ils sont abandonnés à eux-mêmes, dévoués à leur mission de protéger leurs terres. Sans armes modernes, sans équipements de protection, sans même une rémunération pour leur travail, ils vivent dans l’incertitude et la pauvreté.
Il est vrai que de temps à autre, l’armée camerounaise leur fournit des encouragements et des motivations sur le terrain. Ces gestes symboliques, bien qu’appréciés, ne suffisent pas à masquer le sentiment de négligence et d’isolement qui pèse sur les membres de ces comités. En dehors de quelques appuis ponctuels, ces héros restent sans reconnaissance et dans l’ombre, malgré les risques qu’ils prennent chaque jour pour protéger les autres.
Ces jeunes et ces hommes, qui choisissent de veiller sur leur communauté en sacrifiant leur sommeil et leur sécurité, ne reçoivent aucune compensation, aucun salaire. Loin des projecteurs, ces braves se battent pour une cause qui leur semble juste, mais avec des moyens dérisoires. Leur quotidien est une lutte constante non seulement contre les attaques de Boko Haram mais aussi contre le manque cruel de ressources et d’aide. Pour eux, la guerre ne se mène pas seulement contre les terroristes, mais aussi contre l’indifférence et l’absence de soutien.
Les membres des comités de vigilance de Mokolo ont besoin plus que jamais de reconnaissance, de soutien et de ressources pour pouvoir continuer leur mission. Leur engagement courageux doit être soutenu par des actions concrètes, à la hauteur des sacrifices qu’ils consentent chaque jour. Le gouvernement et les institutions doivent prendre conscience de la situation de ces braves et leur offrir les moyens de se défendre dignement, tout en assurant leur sécurité et leur bien-être. C’est un appel urgent qui doit être entendu, avant qu’il ne soit trop tard.