La Chambre des comptes de la Cour suprême a reporté au 30 avril 2025 son délibéré dans l’affaire impliquant quatre fonctionnaires du ministère de la Santé, accusés de fautes de gestion dans un marché de 278 millions de FCFA lié à la lutte contre le Covid-19. Initialement attendue ce mercredi, la décision a été repoussée pour « peaufiner le verdict », selon un magistrat, dans un contexte de pressions présumées.
Mercredi matin, dans une salle d’audience quasi vide à Yaoundé, le juge Théodore Mbenoun a annoncé en moins de cinq minutes le report du verdict, sans fournir d’explications officielles. En coulisses, des sources judiciaires évoquent la volonté de la Chambre des comptes, « première instance à statuer sur des fautes de gestion depuis sa création en 2018 », de garantir une décision « irréprochable ».
Les quatre mis en cause : Élysée Amour II Eyenga Ndjomo (conseiller technique), Ousmane Diaby (chef de division), Rémy Bekolo Edou (comptable) et Abiba Ntue Ngapout (payeur), sont poursuivis pour cinq manquements dans l’exécution d’un contrat de construction d’un centre d’isolement à l’hôpital de Ngaoundéré en 2020. Le principal grief porte sur un « paiement anticipé » effectué avant l’achèvement des travaux, violation des procédures de marchés publics.
Lors des réquisitions du 27 mars, l’avocat général Félix Owona Etoundi a demandé les sanctions maximales : 2 millions de FCFA d’amende par accusé, une interdiction de cinq ans d’exercer des fonctions financières publiques, et une déchéance de leur statut de fonctionnaire pour dix ans.
Instituée par la réforme financière de 2018, la Chambre des comptes remplace le Conseil de discipline budgétaire et financière. Ses décisions, de nature administrative, se limitent à sanctionner les irrégularités de gestion, sans compétence pénale. Ce cas, le premier d’envergure depuis sa création, est perçu comme un test pour sa crédibilité, alors que l’opinion publique camerounaise exige des comptes sur les fonds Covid-19.
Si cette affaire concerne 278 millions de FCFA, un autre dossier, bien plus conséquent, pèse sur la gestion de la pandémie : un détournement présumé de 180 milliards de FCFA de fonds destinés à la riposte sanitaire. Ces allégations, toujours en instruction devant d’autres juridictions, alimentent un climat de défiance envers les institutions.
GN