Le chef-lieu du département du Mbam et Inoubou est affecté par une vague d’insécurité inédite, sur fonds de trafics de stupéfiants.
Bafia, ville située à 120 kilomètres au Nord de Yaoundé, joue les vedettes de l’insécurité. Si le chef-lieu du département du Mbam et Inoubou n’a jamais véritablement été un havre de paix, il est devenu, ces dernières semaines, le théâtre d’une vague d’agressions qui tendent même à remettre en question la présence de l’autorité de l’État. Epicentre de ces agressions qui visent principalement les voyageurs qui font de l’auto-stop pour se rendre soit à Yaoundé, soit dans le sens inverse, vers Bafoussam (Ouest) ou Bamenda (Nord-ouest) : lieu-dit “Total Messansan”.
Le weekend dernier, un groupe formé de jeunes délinquants spécialisés jusque-là dans les larcins et le vol à l’arrachée est monté en puissance en braquant nuitamment plusieurs bus qui avaient observé un arrêt pour décharger des passagers arrivés à destination, soit pour en porter. Leur stratagème consiste à faire semblant de faire de l’auto-stop. Une fois que le bus s’est arrêté, ils s’y engouffrent, en traînant les pieds, le temps que leurs complices embusqués dans le noir embarquent également dans la voiture. Armes blanches au point, ils tiennent en respect le chauffeur et tous les passagers avant de les dépouiller sans ménagement. Argent, téléphone portable et autres objets de valeur, tout y passe. Le mode opératoire, c’est-à-dire, des agressions de masse, est le même que celui des fameux “microbes” qui ont tant fait parler d’eux ces derniers temps dans la ville de Douala. C’est dire si le phénomène menace de faire tache d’huile.
Impunité
Dans la nuit du samedi 04 au dimanche 05 février, un chauffeur de la compagnie de transport “Mangwa” qui voyage sur l’Ouest, poignardé à plusieurs reprises après s’être garé pour porter un passager, a succombé à ses blessures. Dans la même nuit, l’hôtel Tatana, l’un des plus importants de Bafia a subi un assaut des hors-la-loi qui l’ont mis à sac. Le climat de terreur de ces derniers jours écorne davantage l’image d’une ville de Bafia depuis connu comme une zone de grande insécurité et où a presque toujours régné une certaine impunité ou un certain laxisme. Les autorités s’en défendent, au moment où cette actualité enflamme la toile.
Joint au téléphone par Mutations hier mardi, le préfet d’une Mbam et Inoubou, Monono Absalom Woloa, a dénoncé une amplification des réseaux sociaux un peu éloigné de la réalité des choses.
“Il y a des délinquants dans toutes les villes, ça ne veut pas dire que les autorités et les forces de maintien de l’ordre (FMO) ne sont pas, ne font pas leur travail ! Il ne faut pas effrayer la population”, estime le préfet. Qui reconnaît néanmoins qu’il y a une flambée de la délinquance. Pour juguler le phénomène, il dit avoir renforcé dernièrement le système de patrouilles nocturnes mixtes de la ville. “Ces patrouilles peuvent être en train de sillonner dans la ville au moment où des bandits opèrent ailleurs. Il faut une collaboration franche des populations. Il faut signaler tous les cas et c’est aussi ce qui permet aux équipes d’être efficaces”, explique-t-il.
Dealers de drogues
Le préfet ajoute qu’il a fait construire, il n’y a pas longtemps, un nouveau poste de sécurité en face du célèbre marché “DJoumba” à l’entrée sud de la ville, grâce au concours financier d’une élite de Bafia.
Depuis le weekend dernier, une dizaine de “microbes” ont été mis hors d’état de nuire. En garde à vue à la brigade territoriale, ils ont été présentés à la presse hier mardi. Le procureur de la République près les tribunaux de Bafia devrait signer leur mise sous mandat de détention provisoire à la prison principale de la ville, d’ici vendredi au plus tard, assure l’autorité. Il est à noter que la montée de l’insécurité à Bafia et dans les localités voisines d’Ombessa ou encore de Bokito est étroitement liée au trafic de stupéfiants qui y a atteint des proportions inquiétantes. Monono Absalom Woloa se félicite par conséquent de l’arrestation il y a quelques jours de l’un des “plus grands dealers” de drogues de la localité.
Source : Mutations du 08 mars 2023