Le président de la Commission des droits de l’homme du Cameroun James Mouangue Kobila est accusé de “Harcèlement sexuel”, “outrage privé à la pudeur”, “menaces sous conditions”, “chantage”, “blessures légères” et “diffamation”.
La plainte a été déposée au Tribunal de première Instance de Yaoundé par une de ses collaboratrice, Judith Esperance Nkoute Messah epouse Tsemo, une de ses collaboratrices. Selon la plaignante de la trentaine, le patron de la Commission a fait montre d’un « comportement abusif », plus largement, un mécanisme d’emprise. « L’histoire aurait été tout autre s’il ne s’était pas agi de mon patron », écrit-elle dans sa plainte, consultée par nos confrères de Jeune Afrique.
« À partir du moment où il a mis un visage sur mon nom, James Mouangue Kobila a commencé à me convoquer régulièrement dans son bureau à Yaoundé, me retenant souvent jusqu’à tard dans la soirée […], vers 21 heures », ajoute-t-elle.
Cette mère d’enfants explique qu’en juillet 2021, Mouangue Kobila lui dit être amoureux d’elle et lui exprime alors quotidiennement ses sentiments, en l’étreignant et l’embrassant dans le cou contre son gré.
Des accusations rejetées en bloc par le patron de la commission des droits de l’homme qui pointent du doigt la fuite en avant d’une collaboratrice qui veut faire du chantage pour se dérober des procédures disciplinaires engagées contre elle au sein de la commission.
Pour Nouveaux Droits de l’Homme, une ONG qui milite pour les droits de l’Homme, ces accusations sont extrêmement graves. Dans sa sortie, Cyrille Rolande Bechon, la directrice exécutive de l’ONG pense qu’il s’agit d’une accusation extrêmement grave pour plusieurs raisons : « c’est grave parce qu’il s’agit d’une question grave d’atteinte à la dignité d’une personne, d’une atteinte aux bonnes mœurs et à l’éthique professionnelle; C’est grave parce qu’il s’agit d’un délit clairement puni par le Code pénal camerounais et c’est une atteinte clairement réprimée par l’ensemble des instruments internationaux de protection des femmes contre les abus.
Il existe d’ailleurs une Ligne directrice de La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples pour Lutter contre les Violences Sexuelles et leurs conséquences en Afrique.
C’est aussi grave parce que les accusations sont portées contre le responsable d’une Institution Nationale des Droits de l’Homme et les faits allégués ont eu lieu dans le cadre du travail de cette institution.
Il faut dire pour le rappeler qu’une Institution de droits de l’homme est celle-là même qui est censé protéger les individus et les femmes en particulier contre de pareilles atteintes », explique-t-elle.
Cyrille ROlande Bechon est intransigeante : « la justice camerounaise doit faire un travail pointu avec toutes les garanties d’un procès équitable. La CDHC est une institution particulière où une accusation pareille est suffisamment grave pour que le pouvoir judiciaire la prenne très au sérieux.
La victime doit être protégée de toute pression. L’Etat doit tout mettre en œuvre pour restaurer la sérénité et l’image de l’institution nationale et le concerné devrait prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la sérénité de la manifestation de la vérité ».
Même son de cloche pour Benjamin Balla Onambele, coordonnateur de l’Association Camerounaise des Droits de l’Homme, de l’enfant et de la famille (ACDHE) : « Même s’il jouit de la présomption d’annonce, le président devrait être déchargé de ses fonctions pour préserver l’image de la commission des Droits de l’Homme ».