L’éditorialiste de la CRTV est sortie de ses gongs.
La nation va célébrer sa jeunesse au bout de cette semaine le samedi 11 février. On a des frissons à penser au contexte social de cette 57e édition dans un Cameroun aux allures de Far West américain ou de mafia sicilienne, avec ses règlements de compte. Ces guerres de clan où les victimes sont mutilées, jetées sur des terrains vagues. Une société criminalisée à outrance où l’abomination a depuis longtemps déjà franchi tous les rubicons. Ici c’est à la guerre comme à la guerre, la loi du talion et du plus fort. Celui-là qui a le plus de milliards ou un plus grand pouvoir de nuisance octroyé par le décret présidentiel ou par le diable. Des films d’horreur qui sont quotidiennement projetés sur l’écran géant de la scène nationale et dont les spectateurs médusés sont aussi nos enfants.
Une jeunesse bombardée par des images et des propos insoutenables véhiculés en flux continu par des réseaux sociaux aujourd’hui au paroxysme de l’intox et du fake news. Qui suivre ? Qui croire ? Que penser de tout ça ? A-t-on seulement un instant pensé à nos enfants ? À cette jeunesse camerounaise, l’avenir de toute une nation, assassinée, sacrifiée à hôtel des intérêts criminels égoïstes.
Le communiqué publié par l’arbitre suprême a bien essayé ce jeudi de siffler la fin de ce tintamarre, indiquant des arrestations et une enquête mixte police-gendarmerie pour faire toute la lumière sur l’odieux assassinat de Martinez Zogo.
Mais les publics 25 millions de juges d’instruction et autant de procureurs tous exigent que des milliardaires soient arrêtés et pendus haut et court. Que des gardiens du temple soient déchus. Le peuple crie vengeance très souvent pour ces positionnements ou ses équations personnelles, et c’est dans ce contexte là de capharnaüm apocalyptique de combat titanesque à ciel ouvert dans ce cimetière des vertus des valeurs morales et spirituelles, de la fin de l’éducation civique et patriotique en pleine désacralisation de l’humain au cœur de cette bestialité que se prépare le 11 février 2023. Comment rappeler à ces papa à ces grands-pères qu’ils sont tout nus devant des enfants une jeunesse à laquelle on parle pourtant cette année de réarmement moral civique et entrepreneurial, gage de discipline pour l’édification d’un Cameroun uni et prospère les organisateurs là-bas au ministère de la jeunesse et de l’éducation civique, s’eforcent de maintenir le curseur social sur cette thématique moralisante. Mais nul n’est dupe, surtout pas cette jeunesse si futée aujourd’hui qui nous questionne le soir en rentrant sur qui finalement a été arrêté, qui donc est auditionné au SED ? Qui sont donc les suspects dont parle le chef de l’État ? Comment oser encore parler de discipline individuelle à cette jeunesse ? Comment interdire la violence et les partouzes à l’école, quand des papas gangsters sont dans la rue pistolet et sabre au clair ? Qui donc arrêtera ce combat titanesque d’une succession pourtant pas ouverte pour répondre à cette question lancinante du chef de l’État qui attend réponse depuis les années 80.
Quel Cameroun voulons-nous donc pour nos enfants? Que des mamans marchent dans les rues, que les hommes de Dieu crient et imposent le cesser le feu. Qu’on sépare cette bagarre dont les victimes collatérales ne se comptent plus parmi nos enfants. Mais de grâce qu’on cache ces films d’horreur que nos enfants ne seraient supporter davantage en ce 11 février.