Une commission ad hoc mise sur pied pour désamorcer la situation critique.
Nos sources au ministère des finances et dans les circuits financiers de l’assemblée nationale sont formelles. La chambre basse du parlement est en passe d’être en cessation de paiement.
En effet, rendu au mois d’août 2023, l’assemblée nationale a consommé les 3/4 de son budget et la dotation restante de son budget inscrite dans la loi de finances courante ne pourra lui permettre de ne tenir que jusqu’en octobre 2023. Une situation extrêmement critique et inquiétante pour cette institution qui devra avant la fin de l’année payer à minima les salaires et les indemnités des députés et du personnel et organiser la session budgétaire de novembre prochain. Ce sont ces clignotants alarmants qui ont contraint le président de l’assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, à prendre un arrêté en date du 07 août 2023 mettant en place un comité ad hoc chargé de l’évaluation de la situation administrative et financière de l’Assemblée nationale.
Une décision qui intervient à la suite d’un premier contrôle des questeurs qui avait été mis à la touche depuis plus d’un an et à qui on avait interdit toute opération de vérification de comptes. Les questeurs ont découvert que la situation des dettes de l’Assemblée nationale pour les année 2012, 2022 et 2023 selon les premières estimations, soit près de 22 milliards Fcfa. Bien plus, la gestion financière présente en caisse un trou de près de 3 milliards Fcfa pour les exercices 2022 et 2023. Dans la foulée, les questeurs dénoncent l’usurpation des pouvoirs, le faux et usage de faux et les dérives et abus dans les marchés publics passés par l’assemblée nationale. Au centre de cette gabegie, des collaborateurs parmi les plus proches du président de l’Assemblée nationale. De tous, seul le contrôleur général, Abba Mana, a été limogé de son poste et remplacé.
Pyromane – pompier Au menu de cette gabegie, les recrutements massifs et frauduleux de près de 500 personnes dont la plupart par imitation de la signature du président de l’Assemblée nationale, l’augmentation frauduleuse de 50 % sans avis du Bureau de la chambre des salaires de hauts cadres de cette administration parlementaire, pour la plupart dans les bonnes grâces de Cavaye, dont les salaires sont largement aujourd’hui au dessus de ceux des députés qui sont supposés être « leurs patrons ». Il faut ajouter à ces motifs de saignée, les prélèvements financiers colossaux et injustifiés, les marchés surfacturés, le détournement des recettes de l’Hôtel des députés et pire encore les doubles paiements sur le budget de l’Assemblée nationale…
« La situation est tellement préoccupante que même les frais de la session de juin du personnel n’ont pas été entièrement payés», s’indigne un cadre de l’Assemblée nationale. Le comité ad hoc mis sur pied pourra t-il redresser la situation ? Il y’a des raisons d’en douter car certaines personnes auteurs de cette gabegie y figurent en bonne place. « C’est l’histoire du pyromane qui veut se passer pour le pompier», ironise un député.
Source : Mutations du vendredi 18 Août 2023