Le camp de Minawao, situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, accueille actuellement environ 77 000 réfugiés nigérians, victimes des exactions de Boko Haram. Conçu initialement pour accueillir un nombre bien moindre, il est devenu un lieu de saturation critique en termes de ressources alimentaires, sanitaires et éducatives. La situation s’est aggravée depuis quelques mois, avec des ruptures fréquentes dans les distributions alimentaires dues à un désengagement progressif des partenaires humanitaires et une diminution des financements internationaux.
Depuis novembre 2023, les distributions alimentaires ont été sporadiques et insuffisantes. En mars 2024, les aides alimentaires n’étaient que partielles, plongeant les réfugiés dans une grande précarité.
Nombre d’entre eux ont épuisé leurs économies et certains envisagent même de retourner dans leurs zones d’origine au Nigeria, malgré l’insécurité persistante.
Le climat semi-aride de la région aggrave la situation, avec une pénurie de terres cultivables et d’eau, forçant les réfugiés à exploiter les ressources de la réserve naturelle environnante, ce qui engendre des conflits avec les populations locales.
Initiatives gouvernementales et humanitaires :
Le gouvernement camerounais, sous la directive du président Paul Biya, a récemment mobilisé des ressources pour atténuer la crise. En août 2024, un don d’une valeur de 100 millions de FCFA a été attribué pour l’achat de denrées alimentaires et autres produits essentiels. Parallèlement, un plan de rapatriement volontaire a été envisagé pour environ 20 000 réfugiés, dans l’espoir d’une amélioration de la situation sécuritaire au Nigeria.
Malgré ces efforts, la dépendance du camp vis-à-vis des partenaires humanitaires reste élevée, et leur désengagement met en péril la survie des milliers de personnes qui y résident.
Les ONG continuent de souligner la nécessité d’une réponse globale et durable pour répondre aux défis structurels du camp et à la gestion de la crise humanitaire en cours.
Les autorités camerounaises et les ONG internationales plaident pour un renouvellement des engagements financiers des partenaires afin de garantir des distributions régulières et éviter une catastrophe humanitaire. En outre, des solutions à long terme, comme l’augmentation des capacités locales de résilience et le rapatriement en toute sécurité des réfugiés, sont explorées.