En présence d’Emmanuel Macron et de plusieurs chefs d’État africains, en Provence, le président Camerounais a lancé un appel au respect des idéaux universels de paix, de justice et de solidarité. Un appel qui devrait interpeller lui-même, du fait de la guerre et l’injustice qui déciment son propre pays.
Invité par son homologue Emmanuel Macron, le président Camerounais s’est exprimé ce jeudi 15 aout devant plusieurs chefs d’État venus à la commémoration du débarquement en Provence. Prenant la parole, Paul Biya a indiqué qu’ « il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans l’alliance sacrée des volontés, sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, sans les noirs et autres tirailleurs. Cette lutte a été menée ensemble pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice… Cette vision-là, reconnait à chacun de nous un droit égal à la dignité. La solidarité exemplaire qui a ainsi prévalu, reste et demeure une leçon précieuse que nous perpétuer et transmettre aux générations futures, afin d’éviter les erreurs commises par le passé », a-t-il insisté.
Paul Biya a déploré les guerres actuelles et a appelé à la responsabilité des États dans la préservation de la paix. « Seulement, la guerre que l’on pensait à jamais éloignée, frappe de nouveau aux portes de l’Europe. Elle est désormais plus proche de nous. Des hommes se battent à nouveau à quelques heures d’ici. C’est dire que les organisations internationales et le système mis en place aux lendemains des deux guerres mondiales, et davantage de la deuxième guerre mondiale, reste et demeure perfectible », a-t-il ajouté.
Il a ensuite dénoncé « les fantômes de l’esprit de revanche ; la violation flagrante de la souveraineté des Etats ; l’intolérable mépris des peuples ressurgissent du passé pour s’imposer dans notre quotidien. Le droit International diversement interprété ; l’instrumentalisation des droits de l’homme ; l’oubli ou le déni des autres guerres ; la volonté permanente de dominer ; d’exploiter ; de construire un monde à son unique avantage, sont entre autres, les ombres qui nous guettent aujourd’hui et dont notre présence ici devrait révéler la lueur. Cette commémoration doit aussi pouvoir mettre en exergue, notre responsabilité collective dans la préservation de la paix et de la liberté dans le monde », a conclu Paul Biya.
La guerre à son chevet
Un discours qui décrit à merveille la réalité actuelle du monde, mais qui semble concerner le Cameroun en premier. Alors qu’il prône la paix auprès de la communauté internationale, Paul Biya n’a cessé d’agiter le spectre de la guerre dans son propre pays. Depuis 2017, les deux régions anglophones du Cameroun vibrent au rythme d’une guerre qui a déjà fait plus de 10 morts, sans que l’État prenne une réelle mesure de ramener la paix.
Plusieurs médiations, notamment celle de la Suisse et du Canada, qui ont été mises sur pied pour ramener les belligérants sur la table des discussions, ont été boycottées par le gouvernement.
Mépris de la dignité des Camerounais
Paul Biya a également évoqué le « droit égal à la dignité ». Au Cameroun, le mot dignité apparait comme une notion étrange pour les populations qui croupissent sous le poids de la misère, sans eau ni électricité. Sans routes, ni travail. Les détournements, la mauvaise gouvernance, la corruption qui se font avec la très haute bénédiction du chef de l’Etat ont creusé un fossé abyssal entre les populations et les gouvernants.
À cela, il faut ajouter les violations flagrantes des droits de l’homme, la volonté de son parti de conduire le pays à son avantage et le fantôme de l’esprit de répression qui laissent penser que Paul Biya est mal placé pour attirer l’attention de la communauté internationale sur certains faits.
Mimi Mefo Info – Provence