En face des membres du corps diplomatique et des corps constitués nationaux réunis ce vendredi 5 janvier 2024 pour la cérémonie de présentation des vœux, le président de la République a lancé un appel au dialogue pour la résolution des conflits qui secouent le monde et l’Afrique, pourtant dans son propre pays Paul Biya privilégie violence d’Etat face aux conflits.
Paul Biya est-il versatile ? C’est en tout cas la question qui revient dans la bouche de plusieurs internautes ce vendredi. C’est que, ce vendredi lors de la cérémonie de présentation des Vœux du corps diplomatique et des corps constitués nationaux, le président de la République s’est laissé aller dans un évangile en faveur de la paix. Après avoir passé en revue les conflits meurtriers à travers le monde, Paul Biya a également brossé la situation sécuritaire en Afrique. Notamment dans la corne de l’Afrique et le Lac Tchad où le Cameroun n’est pas épargné par une série de violence meurtrière.
“Il est évident que la multiplication de ces menaces à la paix et à la sécurité internationale a des conséquences négatives sur le développement de certains pays et partant du bien être des populations. Il est donc impératif ainsi que je l’ai rappelé à diverses occasions que le dialogue et la conciliation prennent le pas sur celle de la confrontation et l’affrontement. Il est primordial pour la survie de l’humanité que les armes se taisent et qu’en fin s’élèvent les voix de la sagesse et de la raison”, a déclaré Paul Biya, ce 6 janvier 2024, en face dans son palais.
Un discours qui tranche radicalement avec celui prononcé le 31 janvier dernier lors de la présentation des vœux à la nation.”Je voudrais être clair à cet égard. Autant je suis soucieux de voir les enseignants bénéficier des conditions appropriées pour l’exercice de leur noble métier, autant je suis intransigeant pour le respect du droit à l’éducation de notre jeunesse. Des mesures fermes vont à cet égard être prises pour veiller à ce que nos enfants ne se retrouvent pas victimes d’une éducation au rabais”, a déclaré Paul Biya à l’endroit des enseignants qui mènent une grève depuis près de deux ans.
Au sujet des bandes armées séparatistes qui sévissent dans les deux régions anglophones du Cameroun, Paul Biya a lancé cet appel, “je réitère à l’endroit des groupes armés mon appel à déposer les armes et à rejoindre les centres de désarmement, de démobilisation et de réintégration…Quant à ceux qui persistent dans la voie criminelle, qu’il s’agisse du terrorisme… le sort qui les attend n’est pas enviable. Ils doivent savoir que notre volonté inébranlable d’assurer la sécurité de nos concitoyens ne faiblira pas” a ajouté le chef de l’Etat Camerounais à l’endroit des separatistes. Face à ces menaces on est tenté de se demander quel dialogue Paul Biya prône-t-il dans les autres pays?
La réalité sur le terrain est déjà plus dure. Côté grève des enseignants, les autorités administratives ont multiplié des représailles contre les enseignants qui menaient une grève pacifique dans le secteur de l’éducation.
Quant à ce qui est du conflit qui secoue une partie du Cameroun depuis 2016, le gouvernement a toujours refusé d’engager un dialogue franc pour résoudre le conflit qui a déjà fait plusieurs milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés à l’intérieur et à l’extérieur.
Malgré la détermination des députés d’expression anglophone d’inscrire cette question à l’ordre du jour à l’assemblée nationale, ils ont toujours été confrontés à un refus catégorique des députés du parti au pouvoir.
En plus, la médiation suisse menée par Berne et par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), basé à Genève qui avait fait naître l’espoir d’un dialogue pour la résolution de la crise s’est engouffré dans le manque de volonté de Yaoundé à laisser place à un réel dialogue.
De même, la méditation engagée par le Canada en faveur d’une résolution pacifique du conflit n’a été qu’une vue de l’esprit.
Paul Biya qui avait déjà affirmé lors de la 72 e assemblée générale de l’ONU que “la paix est une condition sine qua non de la survie de l’humanité et de tout développement durable”, et qui est présenté par ses partisans comme un ambassadeur de la paix, n’est qu’en réalité qu’un seigneur de la guerre.Il prône la paix, pourtant sous ses ordres l’armée commet des pires exactions sur les populations civiles.
Joseph Essama