Le mauvais état de la route couplé à l’insécurité causée par Boko Haram sur ce corridor hautement stratégique a également contribué à plomber l’économie locale de la zone. C’est un parcours de combattant et des risques énormes que d’effectuer le trajet Maroua-Kousseri. La distance est de 260 km mais il faut 8 à 10 heures de route pour les bus de transport sur le tronçon tandis que les camions gros porteurs sont obligés de passer des jours en route.
Attaques
Circuler sur cette route, suppose avoir une discipline et de la patience. Car à cause des nids de poule, les véhicules sont obligés de circuler à 20 km par heure. Certains avec des chargements lourds vont rouler à pas de caméléon. Un rythme qui n’est pas sans conséquences. Les membres de Boko Haram en profitent pour mener des attaques. En l’espace de 3 ans 21 gros porteurs ont été incendiés, 4 camionneurs pris en otage par les assaillants de Boko Haram selon les membres de comité de vigilance de Zigagué l’une des localités les plus touchées par ce conflit Boko Haram.
Très proche de la frontière Nigériane, la zone est difficile d’accès, ce qui ne permet pas aux forces de défense et de sécurité Camerounaises d’intervenir à temps. Encore que sur cette route, emprunter les déviations à travers les pistes facilite les attaques de Boko Haram. Parfois pendant la saison pluvieuse, les usagers sont obligés de débourser de l’argent pour sortir leurs véhicules bloqués par la boue de peur de tomber dans le filet des terroristes de la secte Boko Haram.
«Boko Haram surveille les mouvements de nos camions. A la moindre occasion, les terroristes pillent les marchandises, tuent les occupants et incendient les camions, nous circulons avec la peur au ventre»,
rapporte un camionneur sur la ligne du corridor Tchad-Cameroun.
Chantier arrêté
L’axe Maroua-Kousseri est d’une importance capitale dans l’économie de la zone du bassin du Lac Tchad.
«Les marchandises en provenance de Douala, des autres localités du pays et même du Nigéria passent par cette route. Et c’est grâce à cette route que le trafic avec le Tchad voisin s’opère. Aujourd’hui tout est au ralenti du fait de l’état de cette route et de l’insécurité qui y règne. Les prix des produits ont augmentés sur le marché»,
confie Oumarou, un commerçant basé à Kousseri.
Ainsi, l’économie locale subi un coup dur. Des milliers des familles se nourrissent de la route Maroua-Kousseri pars la vente des produits issus de leurs activités agropastorales et halieutiques.
A cause de l’insécurité et du mauvais état des routes, des familles ont déserté leurs localités.Une situation qui embarrasse plus d’un, ce d’autant plus que le génie militaire avait repris les travaux en 2018. A la suite de l’enlèvement en 2014 de 10 ouvriers chinois des entreprises Sino-Hydro et Jiangsu chargées d’exécuter les travaux de construction de la route Maroua-Mora-Dabanga-Kousseri, les travaux ont été suspendus.
Et ce n’est qu’en mars 2018 qu’une délégation interministérielle, constituée du Ministre des Travaux Publics, des Finances, de la Défense ainsi que la Directrice des Opérations de la Banque Mondiale avaient procédé à nouveau au lancement des travaux attribués au génie militaire. Deux ans après, les travaux piétinent, condamnant les usagers de cette route à un calvaire à n’en point finir.