Déjà condamnés par une première instance de justice, la Chambre pénale d’appel et de révision de Genève vient de confirmer la culpabilité de six gardes du corps de Paul Biya. L’information a été révélée lundi par La Tribune de Genève.
En effet , les gros bras du président camerounais étaient accusés d’avoir agressé un journaliste de la RTS en 2019 devant l’hôtel Intercontinental, où séjournait le chef d’Etat.
« Les peines qui ont été infligées en appel sont les mêmes que celles qui avaient été prononcées par le Tribunal de police, sauf pour l’un des prévenus », indique l’avocat Robert Assaël, un avocat de l’un des agents de sécurité.
Il y a quelques années, en février 2019 précisément, les gardes du corps avaient écopé de peines pécuniaires avec sursis, en première instance. Au tout début de la procédure de cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive sur le plan diplomatique, le procureur avait été un peu plus sévère envers les prévenus que le tribunal de police et avait, par voie d’ordonnance, infligé des peines de prison, toujours assorties du sursis. Concrètement, « cinq prévenus avaient été reconnus coupables de contrainte et d’appropriation illégitime» et avaient été condamnés à une amende avec sursis, tout comme un sixième qui est « uniquement condamné pour appropriation illégitime ».
L’affaire était remontée jusqu’au tribunal fédéral. Les gardes du corps du président camerounais arguaient de bénéficier de l’immunité. Une vision que les juges de Mon Repos avaient rejetée, estimant, au vu des circonstances, que les agents n’avaient pas agi ce jour-là pour la sécurité de Paul Biya.
Un des gardes du corps condamnés continue d’affirmer avoir agi ce jour-là dans l’exercice de sa fonction et pour la sécurité du président camerounais.”Les agents étaient sur le qui-vive, d’autant que quelques semaines avant, à Genève, une manifestation non autorisée avait viré à l’émeute avec deux blessés et deux jours avant, des activistes avaient saccagé les ambassades camerounaises en France et en Allemagne. « La liberté de la presse n’est pas en cause », a argué l’avocat, qui entend examiner l’opportunité de saisir à nouveau le Tribunal fédéral.
C’est en 2019 qu’Adrien Krausse, journaliste à la RTS, avait été agressé devant l’hôtel. L’homme des médias avait été rudoyé devant l’hôtel Intercontinental alors qu’il couvrait un rassemblement des éléments de la Brigade Anti Sardinards ( BAS) devant cet hôtel luxueux où Paul Biya avait élu domicile. Il avait été immobilisé et légèrement blessé pendant que les gardes du corps s’emparaient de divers effets personnels, notamment son téléphone.
Le ministère suisse des Affaires étrangères avait convoqué dans la foulée l’ambassadeur camerounais à Berne pour lui expliquer « que de tels incidents étaient inacceptables et que la liberté de la presse est protégée et devait être respectée ».
À son époque, cette affaire avait suscité des protestations de la part de la Confédération suisse, qui avait rappelé le respect de la liberté de la presse à l’ambassadeur du Cameroun à Berne. Sur les ondes de la RTS, Antonio Hodgers, président du gouvernement Genevois, avait également estimé que l’événement était « totalement inacceptable ».