Le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa, a été humilié ce dimanche 14 avril 2024 à l’aéroport international de N’Djili à Kinshasa. Le prélat a été chassé du salon VIP de l’espace aéroportuaire et contraint de rejoindre la salle d’attente des passagers ordinaires.
Le cardinal Ambongo est membre du C9, le Conseil des cardinaux qui assistent le pape François, dans le projet de Réforme de l’Église. C’est dans ce cadre qu’il se rendait à Rome, muni de son passeport diplomatique.
La chancellerie de l’archidiocèse de Kinshasa a condamné le traitement réservé à son archevêque. « La chancellerie de l’Archidiocèse de Kinshasa condamne avec la dernière énergie le traitement dégradant que les Services officiels aéroportuaires ont réservé à Son Eminence Fridolin Cardinal Ambongo qui se rendait à Rome, ce dimanche 14 avril 2024, à midi. Témoins de la scène, beaucoup de compatriotes présents à l’aéroport international de N’djili en étaient très indignés, », a écrit l’abbé Clet-Clay Mavemba, le chancelier de l’archidiocèse de Kinshasa.
Le cardinal est connu pour ses prises de position dures contre le pouvoir de Kinshasa. On se souvient que lors de son homélie la nuit de Pâques, l’archevêque avait dénoncé « un pays à l’agonie ». Le cardinal Fridolin Ambongo avait ensuite dénoncé l’insouciance des autorités face à l’activisme rebelle du M23 dans l’est du pays au fond, selon lui, d’actes qui fragilisent le pays : « Nous savons très bien que notre pays est aujourd’hui un pays en agonie, un grand malade dans un état comateux », ajoutant que « ça fait trois mois que notre pays est pratiquement paralysé pour la simple raison que toute la classe politique s’est invitée autour du grand gâteau que l’on est en train de se disputer ». Des attaques assez fortes envers le régime.
En décembre dernier, le cardinal avait indiqué que les élections ont été « un gigantesque désordre organisé ». Vous en êtes tous témoins, avait lancé l’archevêque, qui avait notamment évoqué des « images insoutenables », une allusion à une vidéo ayant montré l’agression d’une femme parce qu’elle avait voté pour l’opposition.
“Quelle image donnons-nous de notre pays sur la scène internationale ? Comment pouvons-nous descendre aussi bas ?”, a encore dit le prélat, dans son message prononcé d’abord en français, puis en lingala.
Adolphe Mbarga