Réunis hier autour d’un point de presse, plusieurs ministres ont essayé de convaincre les populations après la nouvelle hausse des prix de certains produits pétroliers intervenue il y a quelques jours.
Plusieurs ministres se sont livrés hier à un exercice houleux face à la presse. Prenant la parole au nom du gouvernement, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, a tenté en vain de justifier la récente hausse des prix de certains produits pétroliers. Une sortie ratée qui peine à convaincre.
Selon le porte-parole du gouvernement, le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe, intervenu il y a quelques jours, participe de la volonté du gouvernement à réduire la subvention de l’État aux produits pétroliers.
Emmanuel Sadi a encore ajouté qu’au « demeurant, il est tout à fait loisible de constater que les prix fixés après ce relèvement demeurent largement en deçà de ceux actuellement en vigueur dans de nombreux pays à niveau de développement comparable à celui du Cameroun ». Il a par ailleurs soutenu que cet ajustement relève tout d’abord de la tendance inflationniste observée sur le marché mondial, avec les répercussions de la guerre russe ukrainienne. Sur le « plan macro-économique, il y a lieu de relever que les économies substantielles réalisées grâce à la diminution, voire la suppression à terme des subventions sur les produits pétroliers, permettront de réorienter ces économies, vers des secteurs plus porteurs et ayant un impact réel sur la vie de nos concitoyens », a-t-il soutenu.
Une série de mensonges qui a été balayée du revers de la main. Côté prix, les déclarations du ministre de la Communication se sont avérées fausses. Le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigeria, le Tchad, pratiquent des prix inférieurs à ceux en vigueur au Cameroun.
Parlant de la tendance inflationniste qui justifierait la hausse des prix, l’économiste Louis Marie Kakdeu a démontré le contraire : « Au moment où j’écris cet article, le prix du baril du pétrole est de 77 dollars américains, une tendance générale plutôt à la baisse depuis longtemps. » Depuis plus d’un an, le prix n’a pas atteint 100 dollars. Je vous épargne des calculs mais, si l’on considère qu’un baril est équivalent à 159 litres, alors le prix du litre sur le marché international serait de 290 FCFA ce jour. La structure officielle des prix montre que le carburant est cher au Cameroun pour deux raisons : d’abord, le choix du régime en place de traiter avec des traders qui font dans la spéculation. Ensuite, le choix du gouvernement de procéder à la sur taxation du carburant. Il existe environ 26 taxes et autres charges ajoutées sur le litre du carburant ».
Pour ce qui est de la subvention, il est évident à l’analyse que l’Etat du Cameroun ne subventionne pas le carburant. Car il n’existe aucune ligne budgétaire où on retrouve une enveloppe pour la subvention du carburant.
René Emmanuel Sadi, Gaston Eloundou Essomba, Grégoire Owona, Luc Magloire Mbarga Atangana qui sont sortis pour tenter de convaincre les populations se sont plutôt enfoncés confirmant au sein de l’opinion que le choix du gouvernement a plutôt été d’asphyxier le peuple.