L’Office du Baccalauréat et le DECC (Direction des Examens des Concours et de la Certification) ont récemment publié une note destinée à clarifier les nouvelles règles applicables aux examens nationaux et au passage en classe supérieure dans les établissements scolaires. Cette mise au point répond aux nombreuses interrogations des parents, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va désormais falloir être sérieux à l’école pour obtenir son diplôme. Voici les points essentiels à retenir.
A) Baccalauréat et Probatoire : Des exigences strictes et sans délibérations
Pour décrocher le baccalauréat ou le probatoire, les élèves doivent désormais remplir deux conditions essentielles :
- Obtenir une moyenne générale d’au moins 10/20.
- Atteindre une moyenne de 10/20 au premier groupe dans toutes les matières obligatoires.
Les délibérations, auparavant possibles pour ajuster certains cas, ont été supprimées. Désormais, une seule mauvaise note peut entraîner l’échec, même si l’élève atteint la moyenne générale.Exemple 1 : Réussite
Un élève en série A ayant obtenu :
- Philosophie : 10
- Anglais : 10
- Deuxième langue : 10
- Littérature : 10
- Langue : 10
- Mathématiques : 10
Dans ce cas, l’élève réussit, car il atteint 10/20 dans toutes les matières et obtient la moyenne au premier groupe.Exemple 2 : Échec
Un autre élève en série A ayant obtenu :
- Philosophie : 13
- Anglais : 08
- Deuxième langue : 14
- Littérature : 10
- Langue : 10
- Mathématiques : 10
Malgré une moyenne générale de 10/20 au premier groupe, cet élève échoue en raison de sa note insuffisante en anglais.Note importante : Les matières obligatoires varient selon les séries. Par exemple, l’anglais est une matière clé pour les séries scientifiques, tandis que les mathématiques sont prioritaires pour les séries littéraires.
B) BEPC : La moyenne reste incontournable
Pour réussir le BEPC, les candidats doivent obtenir une moyenne générale minimale de 10/20. Cependant, une condition supplémentaire s’applique : ils doivent impérativement avoir la moyenne dans toutes les matières principales, à savoir :
- Mathématiques
- Physique-Chimie-Technologie (PCT)
- Sciences de la Vie et de la Terre (SVT)
- Français
- Anglais
- Informatique
- Histoire
Toute note en dessous de 10 dans l’une de ces disciplines entraîne automatiquement l’échec, même si la moyenne générale est atteinte.
C) Passage en classe supérieure : Une règle uniforme
Pour passer en classe supérieure dans les lycées et collèges, l’élève doit atteindre une moyenne générale d’au moins 10/20. Aucune dérogation ou débat n’est désormais possible. Cette règle vise à harmoniser les critères de progression et à renforcer le sérieux dans l’évaluation des élèves.
Une réforme accueillie avec prudence
Ces nouvelles mesures, qui visent à rehausser le niveau académique, font débat parmi les parents et les enseignants. Si certains saluent une démarche renforçant la rigueur et l’équité, d’autres s’inquiètent des conséquences sur la réussite globale des élèves. Les responsables éducatifs insistent toutefois sur le fait que ces dispositions visent à garantir une meilleure préparation des apprenants pour les défis de l’enseignement supérieur et du monde professionnel. Pour monsieur Faustin Kamgueu éducateur, cette mesure “permettra au moins qu’on ait des camerounais bien formés, ça met la pression et sur les parents, et sur les enseignants, et sur les élèves. Il est donc question pour nous de revoir nos cours, de revoir nos stratégies d’enseignement, et de permettre à chaque élève d’obtenir son examen, et seuls les meilleurs pourront avoir leur diplôme”. Du coté des parents, c’est le même son de cloche, pour monsieur Saliou, c’est “une bonne idée car ça va permettre aux élèves de ne plus s’amuser avec l’école car aujourd’hui l’école est devenue comme un amusement dans notre pays. Et aussi les parents d’élève doivent se responsabiliser plus dans l’éducation de leurs enfants si non ils payeront l’argent pour rien”.
Pour monsieur Claude Mbamba lui aussi éducateur, “Beaucoup d’enseignants déplorent la dégradation du système éducatif. Les fameuses APC (approche par compétence NDLR) au secondaire et la promotion collective au primaire ont des graves conséquences sur le niveau des élèves. Généralement il est commun de voir un élève de Tle C ou D se concentrer sur les matières dites de 1er groupe, sans être inquiet de son niveau catastrophique en langues, aucune maîtrise des règles grammaticales de niveau CE1. Tout comme il n’est pas normal de déclarer admis un élève au Bac A4 ayant une note de 3/20 en mathématiques. C’est une décision importante qui aura une incidence sur le niveau global des élèves dans quelques années”.
Même si cette mesure est saluée par certains, d’autres trouvent qu’elle a ses limites. D’aucuns pensent le fait d’imposer une moyenne de 10/20 en anglais ou en mathématiques pénaliseront plusieurs élèves, surtout ceux qui ont choisi l’option francophone et littéraire. C’est le cas de monsieur Ziyech qui affirme “D’après l’exemple que j’ai vu là, si un candidat a 10,12 mais que tu as eu 8/20 en anglais tu échoue. C’est une mesure contre-productive, il y a des établissements bilingues avec la section anglophone, ceux qui veulent vraiment l’anglais sont là-bas”. Plus loin, il ajoute que le véritable problème se trouve dans le traitement infligé aux enseignants “Ils n’ont pas chercher à résoudre le vrai problème, aujourd’hui si le système éducatif est catastrophique, c’est en grande partie parce que les enseignants ne sont pas payés”.
Mesure cosmétique, ou véritable solution pour sauver l’éducation au Cameroun? L’OBC a certainement plus d’un tour dans son sac pour satisfaire chaque point de vue. Pour l’instant, les élèves devront se résoudre à accorder plus de sérieux dans leurs études, s’ils espèrent décrocher les diplômes en fin d’année.