Les statistiques révèlent une tendance marquée dans les relations hétérosexuelles en Occident : les femmes demandent le divorce beaucoup plus fréquemment que les hommes. Selon des données rapportées par la BBC, elles seraient à l’origine de 70 % des divorces aux États-Unis et de 62 % au Royaume-Uni en 2019. En France, ce chiffre grimpe à 75 %, alors que près de 45 % des mariages se terminent par un divorce dans le pays.
Les raisons de cette réalité sont multiples. Michelle Dayan, avocate spécialisée en droit de la famille, a partagé ses observations dans le podcast « Conversations avant la fin du monde ». Elle souligne que de nombreux hommes hésitent à quitter leur partenaire sans avoir une autre relation en perspective. “En général, quand ils partent, c’est qu’il y a quelqu’un d’autre dans le paysage”, explique-t-elle, notant que très peu d’hommes prennent la décision de partir sans filet. À l’inverse, les femmes, en particulier celles qui sont économiquement indépendantes, sont souvent prêtes à quitter un mariage même sans avoir une nouvelle relation en vue. Ce désir d’indépendance et de liberté est un facteur clé dans leur décision.
L’évolution du statut professionnel et éducatif des femmes au cours des dernières décennies a également joué un rôle crucial. Une étude de l’Insee de 2016 révèle que 70 % des femmes qui divorcent exercent une activité professionnelle. Bien que cette indépendance financière ait permis à de nombreuses femmes de quitter des mariages insatisfaisants, elle les expose également à des risques de précarité après le divorce.
Dayan évoque également une dimension culturelle : les femmes semblent avoir des attentes émotionnelles plus élevées que les hommes. Historiquement, leur rôle a été centré sur le foyer, et lorsque ce dernier ne répond plus à leurs besoins émotionnels, elles n’hésitent pas à partir.
En outre, le réseau social joue un rôle important dans cette dynamique. La BBC souligne que les femmes ont tendance à avoir plus d’amis proches et de confiance que les hommes, ce qui leur permet de partager plus facilement leurs préoccupations conjugales. Une étude a montré qu’un ami proche qui divorce augmente de 75 % les chances qu’une personne prenne également cette décision.
En somme, la combinaison d’une indépendance économique croissante, d’une exigence émotionnelle accrue et d’un meilleur soutien social contribue à expliquer pourquoi les femmes sont souvent celles qui initient le divorce dans les relations hétérosexuelles en Occident.
Gilles Noubissie