Depuis décembre, une campagne de vente promotionnelle de produits de première nécessité orchestrée par le gouvernement camerounais suscite des débats animés, notamment autour du riz brisure vendu à 15 000 F le sac de 50 kg. Bien que l’initiative ait été saluée par une partie de la population, des critiques fusent sur la qualité du produit proposé, relançant des interrogations sur les politiques d’importation et de consommation alimentaire dans le pays.

Le riz brisure : un produit controversé
Le riz en brisures, commercialisé dans le cadre de cette opération, est au cœur de la controverse. Ce type de riz, également connu sous le nom de “riz Big Joe”, est décrit comme un produit de qualité inférieure. Selon des experts, il s’agit de fragments de grains cassés lors de la transformation, caractérisés par une faible teneur en fibres et en nutriments, bien qu’ils conservent un fort apport énergétique. Ce type de riz est souvent utilisé à des fins industrielles ou pour la production de farine, d’aliments pour animaux et même de vin de riz, plutôt que pour une consommation humaine régulière.
Le Dr Albert Ze, économiste et personnalité publique, a relayé ces préoccupations sur sa page, alertant sur les risques potentiels liés à la consommation de ce riz. « Le gouvernement se vante de vendre ce riz aux Camerounais. J’ai lu les caractéristiques de ce type de riz, et chacun peut en tirer ses conclusions », a-t-il déclaré. Il a également rappelé les mises en garde passées de l’Africa Rice Center, qui avait dénoncé l’exportation par certains pays asiatiques de riz de moindre qualité vers des marchés africains jugés « peu exigeants », soulignant les possibles répercussions sur la santé publique.
Pour Valère Bessala administrateur, homme politique et guide du parti politique JOUVENCE “Le Riz qu’on distribue aux Camerounais à 15 000F, c’est un riz impropre à la consommation. Il est destiné aux animaux, aux chevaux. Le bon riz, le Riz de ORCA qui a mangé ça ? Ce sont les dirigeants. Les populations n’ont jamais vu ce riz. Ce qui est mauvais revient au peuple et ce qui est bon leur revient”
La défense du gouvernement
Face à ces critiques, le gouvernement camerounais, par l’intermédiaire du ministère du Commerce, a fermement défendu son initiative. Dans un communiqué officiel, il a justifié cette opération comme une mesure visant à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, particulièrement en période de fluctuations des prix des denrées alimentaires. Selon les autorités, le riz proposé « dispose de toute la liasse documentaire exigible en termes de qualité et de conformité aux normes en vigueur » et peut être consommé « en toute quiétude ».
Le gouvernement a également dénoncé ce qu’il considère comme une campagne de dénigrement menée par des « contempteurs invétérés » des initiatives publiques. Il a rappelé que le fournisseur du riz se réserve le droit d’engager des actions en justice contre ceux qui ternissent l’image de son produit et qu’il est en mesure de fournir les preuves requises attestant de la qualité du riz.
Une revente lucrative pour certains commerçants
Malgré les débats sur la qualité, cette opération de vente promotionnelle semble avoir attiré de nombreux Camerounais, certains voyant même une opportunité commerciale. Des revendeurs n’ont pas tardé à proposer ce riz sur le marché noir à un prix bien supérieur, atteignant parfois 26 000 F le sac de 50 kg. Cette pratique soulève des interrogations sur la régulation du marché et les mécanismes de contrôle autour de ces ventes promotionnelles.
Cette polémique autour du riz brisure illustre les tensions persistantes entre les objectifs de soutien au pouvoir d’achat et les attentes des consommateurs en matière de qualité alimentaire. Si l’initiative gouvernementale vise à répondre à une demande pressante dans un contexte économique difficile, les critiques rappellent l’importance de garantir des standards élevés pour les produits destinés à la consommation humaine.