Pourquoi les restaurants ne veulent plus servir la viande de pangolin ? – Plusieurs espaces de restauration ont souscrit à la campagne de sensibilisation « Pas de pangolin dans mon assiette », lancée officiellement le 17 octobre dernier à Yaoundé par WildAid, une ONG internationale spécialisée dans la conservation des espèces, en partenariat avec le ministère des Forêts et de la Faune.
C’est un total de 116 restaurateurs des villes de Yaoundé et Douala qui se sont engagés à ne plus servir la viande de pangolin. Dans un élan de préservation de la biodiversité, ils ont décidé de se joindre à WildAid, une ONG internationale spécialisée dans la conservation des espèces menacée d’extinction. La campagne « Pas de pangolin dans mon assiette » vise non seulement à réduire la consommation de ce mammifère, mais aussi à éveiller les consciences sur la nécessité de protéger la biodiversité au Cameroun.
Sur les 190 établissements visités dans à Yaoundé et Douala, 68 proposaient initialement de la viande de pangolin au menu. Grâce aux efforts de sensibilisation, 25 d’entre eux ont décidé d’arrêter de servir ce plat, représentant 37 % de l’ensemble.
Après Yaoundé et Douala, la campagne, qui a débuté en juin 2024, va s’étendre aux villes d’Ebolowa, Mbalmayo et Bertoua. Une enquête menée par WildAid en 2021 révèle en effet que le pangolin est la deuxième viande de brousse la plus consommée (après le porc-épic) dans les villes de Douala et Mbalmayo, avec 49 % des consommateurs déclarant en avoir mangé au cours de l’année précédente. En vue d’accroitre cette campagne, l’organisation travaille avec plusieurs ambassadeurs, notamment les chanteuses Mimie et Krys M, Locko et Stanley Enow, ainsi que les légendes du football Roger Milla, Patrick Mboma et Rigobert Song.
Depuis 2017, toutes les espèces de pangolin sont inscrites dans la classe A de la loi faunique camerounaise. « Toutes les espèces de la classe A sont intégralement protégées et ne peuvent en aucun cas être abattues. Toutefois, leur capture ou détention est subordonnée à l’obtention d’une autorisation délivrée par l’administration chargée de la faune », affirme Elias Georges Messina, chef de cellule des affaires juridiques du ministère des Forêts et de la Faune. Le Cameroun abrite trois espèces de pangolins : le pangolin géant, le pangolin à ventre blanc et le pangolin à ventre noir.
Une nouvelle loi sur les forêts et la faune, promulguée le 24 juillet 2024 par le président Paul Biya, a renforcé les sanctions pour la capture ou le meurtre d’espèces protégées, imposant des peines de 15 à 20 ans d’emprisonnement et des amendes de 20 à 50 millions de FCFA, ou l’une seulement de ces peines.
Par une législation dure, le gouvernement veut ainsi protéger la nature et la biodiversité. Les pangolins, souvent appelés « les gardiens des forêts », jouent un rôle crucial dans l’écosystème en régulant les populations de fourmis et de termites, contribuant ainsi à maintenir un équilibre environnemental. En utilisant leurs griffes pour creuser à la recherche de fourmis, ils aèrent également le sol, favorisant ainsi la croissance des plantes.