Le président de la République a publié hier, la nouvelle grille salariale du personnel pris en charge par le solde de l’Etat. Constat fait, les militaires et les policiers bénéficient d’un traitement salarial privilégié, creusant ainsi un fossé abyssal entre les personnels classés dans le même indice salarial. Une situation qui selon certains avis renforce la fidélité de l’armée et de la police envers le chef de l’Etat.
A partir de la fin du mois de mars, les personnels pris en charge par le solde de l’Etat vont bénéficier d’une nouvelle grille salariale. Chaque personnel de l’Etat devra percevoir 5 % en plus sur son salaire de base. Cette mesure entre dans le cadre des moyens d’accompagnement mis sur pied par l’Etat en vue d’amortir les charges après la dernière hausse des prix de certains produits pétroliers.
Hier mercredi, le président de la République a signé un décret portant revalorisation de la rémunération mensuelle de base des personnels civils et militaires. Il a par la suite publié la nouvelle grille salariale en annexe de ce décret. De la consultation du tableau publié par le chef de l’Etat, on constate qu’il existe un fossé énorme entre les salaires des personnels de l’armée et de la police et ceux des civils. Tenez par exemples, pour un fonctionnaire civil de l’indice de solde 1400, le salaire de base est de 373.000 FCFA, même montant pour les magistrats. Mais pour les fonctionnaires de police, salarié de l’indice 1400 touche une rémunération de base de 598 000 FCFA, c’est le même montant que perçoit un militaire de la même catégorie. Soit une différence salariale de 225 000 FCFA, entre civils et militaires du même indice.
Une réalité qui cache mal la relation privilégiée que Paul Biya entretien avec les hommes en tenue et qui selon certains avis n’est pas anodine. « C’est la marque déposée de toutes les oligarchies. Il y va des mécanismes d’accaparement du pouvoir. Pour avoir une armée et une police fidèle, il leur faut bien un traitement privilégié. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des régimes dans les démocraties fragiles », explique un politologue.
Cette façon de faire dénote donc clairement de la volonté de Paul Biya de se maintenir au pouvoir, plutôt que de construire un pays avec des citoyens biens formés et bien soignés, analyse-t-on au sein de l’opinion. En effet rien n’explique qu’un médecin qui fait plus de 7 ans à l’école après l’obtention de son baccalauréat ou encore un enseignant qui fait 5 ans de formation et qui sont appelés, l’un à former les citoyens et l’autre à les soigner, perçoivent un salaire relativement inférieur à celui qui parfois a à peine passé son Brevet d’étude du second cycle (BEPC).
La vocation de l’armée étant d’assurer la défense de l’intégrité physique du territoire et la sécurité des biens et des personnes, on peut comprendre aisément pourquoi l’armée cesse parfois d’être une armée au service du peuple pour devenir un instrument de répression aux mains d’un président. Ce fut d’ailleurs le cas en 2008 contre les jeunes qui manifestaient contre la faim, ou encore contre les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, ou encore depuis 2017 contre les populations anglophones.
Joseph Essama