Alors qu’il vient de fêter son 91e anniversaire et que Paul Biya est malade et physiquement épuisé, le Président de la République sera incontestablement candidat à sa propre succession en 2025.
Sauf cas de force majeure (décès ou coup d’État), Paul Biya sera incontestablement candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle prévue en 2025. Georges Gilbert Baongla, qui s’est toujours présenté comme le fils ainé de Paul Biya, sans démenti officiel, l’a encore affirmé. Invité du plateau de l’émission L’Arène diffusée sur Canal 2 International, hier dimanche, Georges Gilbert Baongla a indiqué que la candidature du président sortant, au scrutin de 2025, ne souffrirait d’aucune ambiguïté.
Une affirmation qui avait déjà été faite par plusieurs acteurs politiques, notamment ceux du parti au pouvoir, et qui semble épouser le déroulement des événements. Ces derniers mois, plusieurs motions de soutien ont été signées demandant à l’homme de 91 ans de briguer un nouveau mandat. C’est le cas de motions de gratitude et de déférence signées par les ressortissants des régions du Centre, du Sud et de l’Est résidant dans le littoral ou encore de l’avalanche de motions de soutien qui ont plu le 6 novembre dernier, lors du 41e anniversaire de son accession au pouvoir.
Au niveau du Comité central du RDPC, on est à la manœuvre pour déblayer le passage du champion du parti du flambeau. Si aucun congrès avec à l’ordre du jour la succession de Paul Biya n’est pas envisageable, le secrétaire général du RDPC multiplie des tournées dans l’ensemble du territoire afin de remobiliser les troupes derrière la candidature de Paul Biya.

Sur le plan diplomatique, Paul Biya a lancé une offensive haut de gamme. Il a décidé de porter l’ancien Premier ministre Philemon Yang, au poste de président de l’Assemblée générale des Nations Unies prévue en septembre prochain.
La candidature de Philemon Yang a d’ailleurs fait l’unanimité au cours de la 37° Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba en Ethiopie, il y a quelques semaines. Philémon Yang a beaucoup de chances d’être élu en septembre 2024 comme président de l’Assemblée générale des Nations unies pour un mandat d’un an. Diplomate et magistrat, Philemon Yang maitrise bien les rouages des Nations Unies. En plus de Cala, le dernier Africain à occuper le poste de président de l’AG de l’ONU était un Nigérian en 2019. Dans un contexte politique de 2025 qui s’annonce tumultueux pour Paul Biya sur le plan international, la présence Philémon Yang à l’ONU pourrait être un paravent de Paul Biya contre toutes les manœuvres.
Un Président physiquement et intellectuellement diminué
Né le 13 février 1933, Paul Biya a fêté son 91e anniversaire il y a quelques semaines. Cet âge poussé fait naturellement de lui, un homme fatigué et intellectuellement diminué. Même si aucune information officielle n’a laissé croire que le président de la République souffrirait d’une maladie spéciale, son âge avancé s’y prête à certaines maladies et à une perte d’autonomie.
D’ailleurs le président de la République apparait désormais très peu en public. Les quelques fois qu’il a été vu en dehors de son pupitre pour ses traditionnels discours, c’est un homme affaibli qui tient à peine sur ses deux pieds que l’on voit désormais.
Dans la gouvernance du pays, Paul Biya ne tient plus que par les décrets qu’on lui attribuerait et dont une grande partie des Camerounais, notamment ses partisans, doutent qu’il est le véritable signataire. Aucun Conseil des ministres n’a plus été organisé depuis plusieurs années. Plusieurs membres du gouvernement morts en fonction n’ont jamais été remplacés et l’actuel gouvernement a atteint le record de longévité. Au sein de l’appareil de l’État, ses alliées se livrent une guerre de succession ouverte, avec des détournements ostentatoires des deniers publics.
Une candidature à risque
Dans l’ensemble du pays, la grogne monte avec plusieurs crises sociales liées notamment aux coupures intempestives d’eau et d’électricité, ainsi qu’à la cherté de la vie. Plusieurs observateurs s’accordent d’ailleurs à dire que la candidature de Paul Biya pour la présidentielle de 2025 est la plus dangereuse de toutes ses candidatures.
La communauté internationale s’est déjà sentie très inquiète de la situation du Cameroun.Dans son rapport Pays daté du 20/02/2024, le Fond monétaire international (FMI) indique : « Les risques politiques augmentent, avec des tensions autour de la succession présidentielle et des retombées potentielles sur la région ». Le FMI ajoute : « Les facteurs de fragilité comprennent le fardeau élevé de la dette, les faiblesses institutionnelles et de gouvernance, les divisions internes, l’exclusion sociale, l’insurrection, les conflits le long des frontières et la fréquence croissante des catastrophes naturelles liées au climat ».