Malgré son état de santé très critique, Marcel Niat Njifenji a été réélu sur une civière à la tête du Sénat. C’était au cours d’une élection qui s’est tenue ce jour au palais des Congrès.
C’est un Marcel Niat Njifenji presque mourant qui a été réélu président du Senat ce vendredi 22 décembre. Arrivé au parlement tenant à peine sur ses deux pieds, celui qui dirige le Senat depuis sa création en 2013 a été plébiscité par 91 voix sur 95 votants. Il est reconduit à son poste alors que son état de santé est de plus en plus critique. Niat Njifenji est arrivé au Cameroun il y a quelques jours sortant d’une hospitalisation de près d’une année en France. A peine atterri à Yaoundé, il a été réadmis dans un hôpital à Yaoundé. Malgré son affaiblissement physique, il a pu se rendre cet après-midi au parlement. Sur une vidéo dont nous tenons copie, on peut voir l’homme de 90 ans marquant à peine les pas lors de son entrée à l’hémicycle accompagné de sa garde qui est obligée d’aller à son rythme.
Si la réélection de Marcel Niat Njifenji semble normale pour le parti au pouvoir qui a donné une consigne de vote à ses sénateurs tôt en matinée, elle cause un sérieux problème quant à l’avenir du Cameroun et de ses institutions. Selon la constitution du Cameroun, « en cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, de démission, ou d’empêchement définitif constaté par le Conseil Constitutionnel……L’intérim du président de la République est exercé de plein droit, jusqu’à l’élection du nouveau président par le président du Senat ». Cette responsabilité constitutionnelle devrait incomber à un citoyen vigoureux qui jouit encore de toutes ses facultés.
A 91 ans Paul Biya est naturellement enclin à un empêchement à tout moment. Celui qui pourrait le remplacer doit être prêt à tout moment d’assurer ses responsabilités constitutionnelles. Or non seulement Marcel Niat Njifenji est malade, mais aussi son âge très avancé a porté un sérieux coup sur ses facultés intellectuelles au point où il est devenu dépendant des personnes qui vivent avec lui.
Sans un intérimaire constitutionnel qui a de la poigne, le Cameroun est naturellement exposé à un désordre institutionnel qui peut le conduire vers le chaos. Car si celui qui est appelé à assurer la transition ne peut pas s’imposer le moment venu, il laisse libre cours aux assoiffés du pouvoir qui pourraient survenir de partout. Le choix du RDPC de reconduire Marcel Niat Njifenji à son poste de président du Senat, alors qu’il est manifestement impotent devrait susciter des interrogations quant aux réelles motivations de ce parti en ce qui concerne l’avenir Cameroun. Du fait de son obésité au sein du sénat, les élus du RDPC allaient dans tous les cas imposer le président de la chambre haute du parlement, mais un candidat, plus jeune jouissant de toutes ses facultés physiques et intellectuelles aurait mieux garanti les intérêts de tout le peuple qu’un Niat Njifenji qui regagnera son lit d’hôpital après son élection.