La route Maroua-Kousséri, longue de 260 km, est devenue synonyme de souffrance et de désespoir pour les usagers. Ce tronçon, qui relie Mora à Kousséri, est un axe vital pour les échanges commerciaux entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad. Pourtant, il est aujourd’hui tristement connu sous le nom de “route de la misère” ou “route de la mort”, en raison de son état désastreux et des nombreux accidents qui s’y produisent.
Depuis plusieurs années, les autorités camerounaises ont multiplié les promesses de réhabilitation de cette route.
Des cérémonies officielles ont été organisées, avec l’installation symbolique de machines et de matériel de construction, sous les feux des projecteurs des médias. Ces événements, largement diffusés à la télévision et à la radio, ont souvent redonné espoir aux habitants de la région, laissant entrevoir un début imminent des travaux. Cependant, ces espoirs ont été régulièrement douchés par l’inaction prolongée du gouvernement.
La route Mora-Kousséri est un véritable parcours du combattant. Pour les transporteurs et les commerçants, elle est devenue un cauchemar quotidien.
Les camions, chargés de marchandises destinées à l’exportation ou à l’importation, risquent à tout moment de se renverser ou de tomber en panne à cause des innombrables nids-de-poule, des chaussées défoncées et des ponts endommagés.
Les pertes économiques liées à ces accidents se chiffrent en centaines de millions de francs CFA, frappant durement l’économie locale et les petits commerçants.
Les usagers parlent de cette route avec un mélange d’amertume et de résignation. Pour eux, chaque voyage sur cet axe est une question de vie ou de mort.
Les accidents mortels sont fréquents, causant non seulement des pertes en vies humaines, mais aussi des traumatismes psychologiques durables pour les survivants.
La route Maroua-Kousséri n’est pas seulement une voie locale ; c’est un axe stratégique reliant trois pays : le Cameroun, le Nigeria et le Tchad. Ces nations dépendent de cette route pour l’acheminement de marchandises essentielles, telles que les denrées alimentaires, le carburant et d’autres produits de première nécessité.
Le mauvais état de cette route perturbe les échanges commerciaux et menace la sécurité alimentaire dans toute la région.
Le Cameroun, pays au cœur de ce réseau de transport, voit sa réputation internationale ternie par l’incapacité de ses autorités à moderniser une infrastructure aussi cruciale.
Les partenaires économiques du Nigeria et du Tchad commencent à perdre patience, et les tensions régionales pourraient s’exacerber si cette situation perdure.
Face à cette situation, une question hante les esprits des habitants de l’Extrême-Nord du Cameroun : “Quand la Mora-Kousséri sera-t-elle enfin réhabilitée ?” Cette interrogation, répétée à l’infini, reflète le désespoir d’une population qui se sent abandonnée par son gouvernement. Les promesses non tenues du gouvernement de Paul Biya ne font qu’alimenter la colère et la frustration des habitants, qui voient leur quotidien se dégrader un peu plus chaque jour.
Le maintien de la route Maroua-Kousséri dans un état aussi précaire représente un risque croissant pour la stabilité de la région.
Le mécontentement populaire pourrait se transformer en manifestations ou en révoltes, accentuant la vulnérabilité de cette région déjà en proie à l’insécurité.
Par ailleurs, le manque d’investissement dans cette infrastructure pourrait encourager les groupes criminels ou les mouvements terroristes à exploiter la frustration des populations locales pour recruter ou mener des actions violentes.
En l’absence de mesures concrètes et rapides, le gouvernement camerounais pourrait voir se développer une crise de confiance encore plus profonde, non seulement au sein de sa propre population, mais aussi parmi ses partenaires internationaux.
La réhabilitation de la route Maroua-Kousséri ne peut plus attendre. Il s’agit d’une nécessité urgente, non seulement pour la sécurité des usagers, mais aussi pour la stabilité économique et politique de toute la région. Le gouvernement camerounais doit passer des paroles aux actes, en engageant immédiatement les travaux de réhabilitation promis depuis trop longtemps. L’avenir de milliers de personnes en dépend.
BDO