La matinée a été très agitée ce samedi 26 août dans la localité de Mbara, village située à environ 5km de Boula Ibib sur l’axe Pitoa-Figuil.
Selon les informations à notre disposition, aux environs de 10h, deux personnes à bord d’une moto transportant un sac de céréales sont stoppées par le gendarme Désiré Kerehoul à une poste de contrôle de fortune de Mbara.
Le chauffeur de la moto refuse de s’arrêter et poursuit son chemin au prétexte qu’il a déjà sacrifié au rituel qui consiste à verser la somme de 500Fcfa au premier passage pour la journée. «Le samedi est jour de marché à Boula-Ibib, donc c’est un jour où il y a beaucoup de trafic sur cet axe, plusieurs commerçants qui sortent des villages vont au marché vendre ou acheter pour certains.
Le motocycliste est arrivé au point de contrôle, la corde qui sert de barrière était au sol quand le gendarme lui a fait signe de s’arrêter. Il a poursuivi son chemin au prétexte qu’il avait déjà donné 500Fcfa, qui représente la somme convenue que doit verser chaque motocycliste à la barrière.
Immédiatement le gendarme
Kerehoul va s’emparer d’une moto et se me mettre à sa poursuite. À quelques mètres du poste de contrôle, il va rattraper les deux hommes sur la moto et les pousser sur le côté pour les forcer à s’arrêter.
Malheureusement les deux hommes qui roulaient vont violemment heurter le goudron dans leur chute. Le motocycliste va décéder sur le champ, tandis que son passager, blessé, sera conduit au centre de santé de Boula-Ibib», rapporte un témoin de la scène qui requiert l’anonymat.
La nouvelle va rapidement faire le tour du village, la tension va alors très vite monter entre le gendarme et les populations. Un attroupement s’est vite constitué au lieu du drame. Le gendarme Désiré Kerehoul est discrètement extrait de la foule par un officier supérieur de la gendarmerie en civil qui, par un fait de hasard s’était retrouvé en ce lieu.
Il l’a embarqué à bord
de sa voiture et l’a conduit à la brigade de Boula-Ibi. «Un capitaine de la gendarmerie en service à la Compagnie de gendarmerie de Guider l’a transporté du lieu du crime pour la brigade. Il lui a demandé de ne pas sortir de la brigade.
Il était entouré de deux ou trois de ses collègues. Quelques instants seulement
après qu’on l’ait déposé, des jeunes à bord de motos ont fusé de partout et en quelques
secondes, ils ont assiégé la brigade», relate Bouba Ndjidda, habitant de Boula-Ibi.
Le chef de poste ne pourra donc pas empêcher le lynchage de son élément et aux locaux. «Ils ont saccagé les bureaux et s’en sont pris au bourreau du motocycliste. Ils l’ont littéralement lapidé à mort.
On a tenté de le secourir mais en vain car avant qu’on ne le conduise au centre de santé du coin, il était déjà mort», selon Bouba Ndjidda.
Au passage, le poste de gendarmerie sera saccagé. Ces événements se dérouleront pendant que l’axe Pitoa-Figuil est complètement bloqué à la circulation. Un blocage qui aura duré près de trois heures d’horloge.
Il aura fallu l’intervention du maire de la commune de Bibémi, Armand Yédi et du sous-préfet de Bibimé, Mahamat Taher Ousman, pour calmer les foules et libérer la
circulation.
Dans les rangs des hommes en ténue, «certains nous confient que leurs chefs hiérarchiques leur exigent un montantà chaque fois qu’ils sont déployés sur le terrain. Ils ont donc l’obligation de rendementvis-à-vis du chef, au risque de ne plus être programmé», trahit Souaibou Adamou. «L’incident de ce matin a permis aux populations de crier leur ras-le-bol vis-à-vis de ces pratiques qui appauvrissent les populations » conclut-il.
Source: L’oeil du Sahel du 28 Août 2023