Plusieurs policiers sont morts lors d’interventions liées au braquage, mais la plupart sont tombés au front dans la crise qui secoue les deux régions anglophones du pays depuis 2016.
Le bilan des pertes en ressources humaines pour la police camerounaise en 2023 est alarmant. De la bouche autorisée de la police camerounaise, on apprend que 292 policiers ont perdu la vie en 2023 sur les terrains des opérations. L’annonce a été faite le 24 janvier dernier lors de la cérémonie de présentation des vœux à Martin Mbarga Nguele, le délégué général à la sûreté nationale.
“Les policiers ont donné tout leur amour au travail, ont rempli leurs missions, avec fidélité, professionnalisme et loyalisme, le tout pour un seul objectif, la sécurité des personnes et des biens”, a déclaré Dominique Baya, le secrétaire général de la police.
Il a ensuite présenté un tableau statistique élogieux, mettant en avant l’excellent travail accompli par la police dans les zones en crise : “329 armes à feu saisies, 3018 munitions, 592 kg de cannabis, 48000 litres de carburant frelaté, 180000 comprimés de tramol”, a informé Dominique Baya, le secrétaire général de la police.
Il a ajouté : “Il y a aussi eu des pertes : 292 fonctionnaires de police morts sur le terrain des opérations”. Ces décès ont été honorés par une minute de silence avant l’allocution de Martin Mbarga Nguele, selon le compte rendu d’Elie Zang Zang diffusé sur les réseaux sociaux.
Dominique Baya n’a pas omis de faire des doléances pour la bonne marche du service, notamment la formation continue des personnels, la dotation des moyens roulants aux responsables des services centraux extérieurs, la fourniture de matériels de protection individuelle pour les personnes envoyées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la promotion des méritants.
Bien que les autorités de la police n’aient pas fourni de détails sur le nombre de policiers morts sur le front de guerre, et que les pouvoirs publics donnent l’impression d’une baisse de la criminalité dans les deux régions anglophones, le nombre de décès sur le terrain indique le contraire.
À la lumière des chiffres fournis par la police, on pourrait estimer à au moins 10 le nombre de policiers morts chaque mois sur le terrain des opérations dans les deux régions anglophones du pays. Un chiffre qui, s’il est exact, démontre que la guerre est loin d’être terminée.
Depuis 2017, le gouvernement du Cameroun et des groupes séparatistes anglophones sont engagés dans un conflit sanglant. Le conflit a pris une dimension armée à la suite d’une manifestation non autorisée des partisans de la sécession, qui voulaient célébrer la création d’un État imaginaire appelé “Ambazonie”.
Un an auparavant, en 2016, tout avait commencé par des revendications corporatistes des avocats et des enseignants, qui ont progressivement évolué vers des revendications sécessionnistes.
Le 1er octobre 2017, des séparatistes ont symboliquement déclaré l’indépendance des régions anglophones, les nommant “la république fédérale d’Ambazonie”.
La manifestation a été dispersée par les forces de défense. En représailles, une attaque à l’engin explosif placé par des séparatistes a fait trois morts, dont deux policiers en zone anglophone.
Le président camerounais Paul Biya, s’exprimant pour la première fois sur la crise, a déclaré : “le Cameroun est victime des attaques répétées d’une bande de terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste. Face à ces actes d’agression, toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels”.
En janvier 2018, des dirigeants séparatistes, dont Sisiku Julius Ayuk Tabe, ont été arrêtés au Nigeria puis extradés au Cameroun.
En août 2019, ils ont été condamnés à la prison à vie par un tribunal militaire de Yaoundé.