Le Réseau diplomatique de la coalition pour la liberté de la presse (Mfcdm) s’est retrouvé piégé dans les manœuvres du gouvernement camerounais dans l’affaire Martinez Zogo. Dans un communiqué récemment publié, le réseau demande que les auteurs de ce “crime odieux” soient traduits en justice.
Le MFCDM, en partenariat avec une quarantaine de pays et œuvrant pour la reddition de comptes en cas d’atteintes aux journalistes, est convaincu que les autorités de Yaoundé se sont déjà engagées à établir la vérité dans l’affaire qui a conduit à l’enlèvement, à la torture, puis à l’assassinat de Martinez Zogo. “Nous, membres et partenaires de la Coalition pour la liberté de la presse, reconnaissons les efforts du gouvernement camerounais visant à mener une enquête pour élucider les circonstances”, indique le communiqué.
Cependant, il est évident, selon plusieurs observateurs, que le gouvernement déploie des manœuvres pour étouffer la vérité dans cette affaire. “Rendu au stade où nous en sommes, il faut s’attendre à tout. Soit on va noyer l’affaire, soit alors on va condamner des gens pour d’autres raisons en nous faisant croire que ce sont les assassins de Martinez Zogo. La logique dans cette affaire tient sur d’autres paramètres que la justice”, explique un politologue.
En effet, l’affaire semble stagner au sein du tribunal militaire de Yaoundé. Bien que plusieurs suspects, dont l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, l’ancien directeur général de la Recherche Extérieure (DGRE) Maxime Eko Eko, Justin Danwe, le directeur des opérations de la DGRE, le maire de Bibey, ainsi que plusieurs commissaires de police et des membres du commando, aient été arrêtés il y a longtemps, l’affaire se trouve toujours dans la phase d’instruction.
Lors du premier anniversaire du décès du journaliste, le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), l’un des plus représentatifs, a exigé l’ouverture d’un procès, demandant aux autorités camerounaises de faire tout pour que la vérité éclate dans cette affaire.
En décembre dernier, Maître Hakim, l’un des avocats de la famille de Martinez Zogo, avait appelé à la préservation de l’impartialité de l’institution judiciaire, soulignant que la promiscuité et les privilèges accordés aux inculpés remettent en question l’équité du traitement réservé à chacun.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) enfonce le clou. Dans le rapport sur la liberté de la presse publié ce mois de janvier, l’ONG ne cache pas les craintes de plusieurs sources proches de ce dossier, qui dénoncent sous cape des manipulations dans l’instruction. Les avocats des ayants droit de Martinez Zogo soupçonnent aussi des manipulations qui ont abouti à une nouvelle qualification des faits contre les premiers suspects. Notamment Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko qui sont poursuivis pour “complicité de torture”.
L’accusation de meurtre, d’assassinat ou de complicité de meurtre ou d’assassinat n’ayant été retenue contre aucun des suspects, l’interrogation persiste sur qui a envoyé tuer et tuer Martinez Zogo.