Son directeur a pris une mesure jugée discriminatoire par sa hiérarchie et dénoncée par les usagers.
La lettre circulaire du directeur de l’hôpital régional de Bafoussam dans la région de l’ouest, publiée le 26 octobre 2022, a soulevé un vent de contestation sur le plan national.
Il écrit à l’attention de tout le personnel, des responsables et superviseurs, entre autres :
“À compter de la date de signature de la présente note, Tout patient entrant à l’hôpital doit déposer une caution de 50 000 F (Cinquante mille francs) pour sa prise en charge ; à défaut de cela, il ne sera pas admis à l’hôpital.”
Il rappelle que tout personnel qui prend en charge un patient sans que celui-ci dépose sa caution au préalable, se verra dans l’obligation de payer les factures de ce dernier.
Les Superviseurs, Majors, Chefs d’équipes et Assimilés sont appelés à veiller à la stricte application de ces mesures.
Après la diffusion de cette note sur les réseaux sociaux, des réactions se sont alors multipliées pour dénoncer de graves atteintes aux droits des malades. Face à la vague de contestation observée, le ministre de la Santé publique a réagi, il écrit :
“Monsieur le Directeur,
Faisant suite à votre lettre circulaire par laquelle vous indiquez qu’à compter de sa date de signature, le dépôt d’une caution conditionne désormais l’admission de tout patient à l’Hôpital, j’ai l’honneur de vous faire observer que conformément à la politique d’humanisation des soins prescrite par Monsieur le Président de la République, l’accès de tout Camerounais dans une formation sanitaire, ne devrait être conditionné par aucune démarche discriminatoire, susceptible de bafouer le droit à la santé, considéré comme droit fondamental l’humain. Bien plus, cette démarche de votre part qui semble ne pas s’inscrire dans un ancrage juridique de la gestion des formations sanitaires, pourrait mettre à mal les efforts consentis en terme d’amélioration continue de l’offre de soins et de services.
Aussi, afin de rester conforme à la réglementation, je vous demande instamment de bien vouloir rapporter la lettre circulaire querellée et rendre compte dans un délai de 24h.”
l’ONG Mandela Centre dénonce de graves atteintes aux droits de la santé et interpellent les autorités et rappelle :
Que l’État du Cameroun à travers ses structures sanitaires dont l’hôpital Régional de Bafoussam a pour obligation principale de protéger et de promouvoir les droits de l’homme, lesquelles obligations sont définies et garanties par le droit international coutumier (pratique générale des États acceptée comme étant de droit et engendrée par un sentiment d’obligation juridique) et les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, créant des obligations contraignantes pour l’État du Cameroun qui les a ratifiés pour donner effet à ces droits.
Un véritable tollé qui a poussé le directeur de cette formation hospitalière a se raviser et qui soulève aussi le problème de la gestion des malades indigents dans les hôpitaux publics au Cameroun.