Le récent congrès extraordinaire du SDF continue de faire parler. Les différentes résolutions prises notamment sur le montant à débourser pour être candidat au compte du parti, ne sont pas passées inaperçues. Beaucoup ont critiqué ces résolutions, allant jusqu’à regretter le décès de son fondateur Ni John Fru Ndi. C’est le cas de Célestin Djamen, ancien militant du SDF, et actuel président de l’alliance patriotique et républicaine (APAR), qui a même qualifié cette résolution “d’escroquerie politique”, qu’on devrait attaquer en justice.

Une accusation de pratiques “immorales”
Le cœur de cette polémique réside dans le montant fixé pour la caution de candidature interne au sein du SDF. Selon le président de l’APAR, la somme de 50 millions de francs CFA exigée pour postuler à la direction du parti est une aberration. Il estime que cette pratique éloigne la politique de ses idéaux fondamentaux, transformant une compétition électorale en une affaire d’argent. “50.000.000 cfa comme caution pour une candidature interne d’un parti en réanimation c’est non seulement une incongruité mais c’est surtout un acte de grand banditisme et de malhonnêteté qui n’a rien à voir ni avec la morale, ni avec la capacité ni avec l’intelligence politiques.” a t-il affirmé.
Dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, Célestin Djamen n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette exigence de « grand banditisme » et d’« immoralité politique ». Il va plus loin en affirmant que de telles pratiques sont contraires à l’éthique et à la dignité qu’exige le combat politique. Selon lui, la politique ne devrait pas être réduite à une question de moyens financiers, mais devrait plutôt reposer sur des valeurs telles que le leadership, la sagesse et la capacité à proposer un changement significatif pour les populations.
Pour appuyer ses propos, il a fait référence à des figures historiques comme Nelson Mandela, Thomas Sankara ou encore Ni John Fru Ndi lui-même. Il souligne que ces personnalités n’auraient jamais pu marquer l’Histoire si le leadership et l’intelligence étaient uniquement mesurés à l’aune de la richesse financière. En invoquant le fondateur du SDF, Célestin Djamen critique ce qu’il perçoit comme une trahison de l’héritage de Fru Ndi, qu’il qualifie de « seconde mort » pour ce dernier.
L’ancien militant du SDF n’écarte pas la possibilité d’une action en justice. Selon lui, exiger une telle somme pour une candidature interne pourrait constituer un délit pénal. Il appelle à fixer des « limites de la décence en politique », insistant sur le fait que la politique n’est pas un « business », mais plutôt une mission au service des citoyens, en particulier des plus vulnérables. “On devrait porter cette affaire en justice car il s’agit ni plus ni moins d’un délit pénal devant fixer les limites de la décence en politique, la politique n’est pas un bizness, désolé c’est du sérieux, pensez à ces millions de gens qui souffrent depuis des décennies ne pouvant joindre les deux bouts et qui comptent sur un changement radical. Même l’Etat n’a pas osé arriver à ce niveau de banditisme pour éliminer des candidats et s’en mettre plein les poches. Cet immoral et ignoble ce type de lâcheté, la politique mérite mieux, elle exige de la noblesse, de l’élégance et une certaine dignité.”
Il invite par ailleurs à une réflexion collective sur l’avenir de la politique au Cameroun, condamnant ce qu’il perçoit comme une dérive vers des pratiques élitistes. Pour illustrer son propos, il ironise : « Si le combat politique se réduit à l’argent, alors donnez donc le Pouvoir à Elon Musk, Bill Gates ou Bernard Arnault ! »
Un climat tendu au sein du SDF
Cette sortie intervient alors que le Social Democratic Front traverse une période de turbulences. Depuis la disparition de Ni John Fru Ndi en 2023, le parti semble peiner à retrouver son unité et sa dynamique d’antan. Les critiques internes, combinées à un contexte politique national complexe, fragilisent davantage une formation déjà en perte de vitesse sur la scène politique camerounaise. Une crise politique qui s’est illustré avec les départs en cascade de plusieurs élus, d’aucuns pour rejoindre le parti au pouvoir (l’exécutif communal de Bafoussam 1er), et d’autres, pour faire alliance avec les partis politiques de l’opposition (honorable Nintcheu et alliés).
Un débat sur l’argent et la politique
Au-delà du cas spécifique du SDF, cette polémique soulève une question plus large sur le financement de la politique au Cameroun. Comment garantir une compétition équitable dans un système où l’argent semble jouer un rôle de plus en plus déterminant ? Les propos de Célestin Djamen mettent en lumière un débat crucial sur la place des ressources financières dans la sélection des leaders politiques, et, par extension, sur l’accessibilité du pouvoir dans un pays marqué par des inégalités économiques profondes.