L’avocat au Barreau du Cameroun et Porte-Parole des Avocats commis par la famille de la défunte Lydienne Taba fait le point sur la plainte pour “violences sur femme enceinte et assassinat” déposée le 03 septembre dernier au Tribunal Militaire d’Ebolowa contre le sous-préfet de Loukoundje.
MMIF : Que vous a dit le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire d’Ebolowa au dépôt de votre plainte ?
Me FOUSSE : Rien de particulier parce que le dépôt d’une plainte se fait comme dans tout autre dossier. Elle a reçu notre plainte qui était effectivement une plainte pour violences sur femme enceinte et assassinat puisque d’une échographie du début du mois de juillet il ressortait que elle (Lydienne Taba, Ndlr) était enceinte de plus de 06 semaines. Donc à la date de son assassinat elle était enceinte. La plainte a été reçue.
Nous avons cherché à savoir s’il (le sous-préfet, Ndlr) était détenu. Elle nous a répondu de façon laconique qu’il était placé sous mains de justice. Ce qui laisse comprendre qu’il y a quand même une chape de plomb parce que nous savons qu’à la date d’aujourd’hui les délais de garde à vue sont largement expirés.
De deux choses l’une: où il est placé en détention (le crime qu’il a compris impose qu’il soit détenu). Ou il est sous mains de justice – sous mains de justice ça peut vouloir dire qu’il a été mis en liberté provisoire avec garant sous caution. Dans ce type de crime, il n y a pas de garant il n y a pas de caution, on est placé en détention. Il y a plein d’interrogations sur une éventuelle détention.
On a bien compris des discussions que nous avons eues avec Madame le commissaire du gouvernement que ce dossier est hautement signalé. Ça veut dire que elle-même elle doit s’en remettre à sa hiérarchie militaire notamment le Ministre de la Défense.
Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles la famille est inquiète parce qu’elle veut que justice soit rendue à leur fille et a décidé de prendre des avocats notamment nous.
Me Fousse
MMIF : Est-ce qu’on peut penser que c’est la grossesse de Lydienne Taba qui était la pomme de discorde entre elle et son amant ?
Me FOUSSE : On ne peut pas supputer. C’est les enquêtes qui révéleront les causes. Bien évidemment on pourrait penser que ceci expliquant cela. Mais on n’en a pas la preuve pour le moment. On attend terriblement les résultats de l’enquête. Nous verrons à ce moment-là mais c’est dans le cadre de l’enquête et l’enquête remontera au niveau du commissaire du gouvernement qui la contrôle et puis on passera par le stade de l’instruction
MMIF : Est-ce vous comprenez les inquiétudes de la famille dans cette affaire? La famille semble pessimiste.
Me FOUSSE : Je crois qu’il ne faut pas être pessimiste. Je pense que l’enquête se fera normalement. Il faut non plus penser que la justice ne fera pas son travail. La justice est là pour faire son travail. Les conditions devant le tribunal militaire peuvent inquiéter. Parce qu’on peut arrêter la procédure à tout moment. Un ordre peut être donné pour que la procédure s’arrête. Ça peut être donné même par le Chef de l’État. Donc c’est peut-être tout ça qui inquiète un peu la famille qui veut quand même savoir ce qui s’est passé réellement le 25 juillet. Pourquoi le crime a été commis. Est-ce qu’il s’agit réelle d’un accident. D’ailleurs ils ont dit le moment du deuil que si c’était réellement un accident ils seraient prêts à pardonner mais maintenant les conditions sont quand même un peu nébuleuses et ils veulent surtout que justice soit rendue à leur fille.
MMIF : Quel est l’état d’esprit de la famille et quels sont vos espoirs dans cette procédure que vous engagez?
Me FOUSSE : Tous les avocats espèrent que tout sera conduit dans les règles de l’art. Que toute la procédure respectera les dispositions du code de procédure pénale. Mais c’est un dossier très sensible pour la famille. C’est un dossier normal qui ne devrait pas être conduit différemment. Donc nous espérons que l’égalité des citoyens devant la justice sera appliquée. Que Monsieur Ebanga Franck Derlin sera jugé normalement sans complaisance et sans faveur. S’il n’est pas coupable il n’est pas coupable. S’il est coupable il doit en payer le prix notamment par une peine qui sera décidée.
MMIF: Merci Me de nous avoir accordé cette interview.
Me FOUSSE : Il n’y a pas de quoi.