Ils avaient confondu le buffet de ce restaurant au prolongement du cocktail offert après la séance de travail avec le secrétaire général du comité central du Rdpc.
Désormais, avant de prendre place dans un lieu de réception, beaucoup de chauffeurs et de gardes du corps prendront la peine de poser cette question : « c’est gratuit ou payant ? ». Loin d’être fortuite, cette interrogation préalable est consécutive à la mésaventure qu’ils ont connue lundi 29 août dernier à Bafoussam. En effet, après la séance de travail présidée par Jean Nkuété, secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), les différents responsables de base de ce parti, les membres du gouvernement, les autorités administratives, traditionnelles et des forces du maintien…ont été invités à réception dans la salle d’un hôtel.
Mais celle-ci était si étroite qu’elle ne pouvait contenir tout le monde. Même certaines personnalités pourtant respectables étaient obligées de faire la queue pour avoir une place assise.
Si c’était compliqué pour les chefs, que fallait-il attendre des valets ? Ces derniers pour la plupart se sont retrouvés hors de la salle pour attendre leurs ‘’boss’’. Sauf dans la foule, quelqu’un lança que le buffet du restaurant de l’hôtel leur était destiné. Tous vont y accourir. S’ajouteront à eux quelques photographes et d’autres personnes. Le service libre étant la mode dans ce restaurant, ils vont faire la queue pour se servir les uns après les autres. Il n’y avait presque plus rien, mais ces derniers prenaient tout, même jusqu’à la moindre fibre de spaghetti. « Quand c’était mon tour, il n’y avait plus que du macabo bouilli à l’huile rouge sur la table, mais j’ai quand même pris », confie le secrétaire particulier d’un Maire s’étant infiltré entre ces chauffeurs, garde du corps et photographes.
Pendant que ces derniers mangeaient goulument sans s’imaginer quelque chose, la gérante du restaurant établissait calmement, dans un coin, les factures individuelles pour chaque client. C’était 7500 Fcfa par plat ou personne. Quand elle commença à les distribuer, chahut et débandade s’entremêlaient dans la salle. Des « Je ne peux pas manger quelques graines de riz à 7500 Fcfa », fusaient par-ci ; des « comment ça, quelques macabo malaxé avec le bounga à 7500 Fcfa », retentissaient par là. Personne n’était prêt à débourser le moindre franc pour ce repas. La gérante de l’hôtel était ferme. Elle avait pris place devant la porte principale et bloqué la secondaire. Il fallait payer avant de sortir. Ni la tenue des gardes du corps, ni les costumes sur mesure des chauffeurs, ne l’ébranlaient.
Sauf que chacun activait ses réflexes de ‘’Usain Bolt’’. Quand un petit espace s’est présenté au moment où un client (ordinaire) ayant réglé sa facture voulait sortir, tous les ‘’otages’’ en ont profité pour détaler. À peine un d’eux mettait le pied à l’extérieur, il courait très vite pour s’éloigner le plus loin possible du fameux restaurant de l’hôtel.
Plus de peur que de mal, apprend-on, personne n’a finalement payé. La gérante de ce restaurant qui croyait, avec cette trentaine de clients venus d’un coup, réaliser de bonnes affaires, va désormais prendre, elle aussi, la peine de préciser lorsqu’elle a une affluence inhabituelle, de dire avant d’autoriser le service : « c’est payant ».
Mimi Mefo Info Français (MMIF)