Dans un contexte socio-politique tendu où l’État tchadien peine à répondre aux besoins essentiels de sa population, l’Inspection Départementale de l’Éducation à Mangalmé réalise une visite qui apparaît davantage comme une opération de façade que comme une réelle volonté de transformation. En effet, lors de cette mission dans les établissements scolaires bilingues – l’école primaire Ataoufique et le CEG de Mangalmé – les enjeux éducatifs se mêlent aux problématiques politiques et économiques de tout les Tchad.
Si l’objectif officiel était de superviser la cérémonie hebdomadaire de la levée des couleurs et d’évaluer l’avancement du programme pédagogique, nombreux sont ceux qui y voient une tentative de masquer l’ampleur des défaillances structurelles. « Ce rituel scolaire, qui devrait symboliser l’unité et l’espoir, se transforme en une vitrine pour masquer le désinvestissement chronique dans l’éducation, » déclare un enseignant local, visiblement exaspéré par la situation.





La présence des parents d’élèves et des enseignants, invités à témoigner de l’engagement affiché lors de cette visite, contraste cruellement avec la réalité quotidienne d’un système en crise. Le manque d’infrastructures, de moyens pédagogiques et l’absence de mesures concrètes pour pallier les difficultés accumulées sont autant de signes révélateurs d’une gestion déconnectée des réalités du terrain. « Nous ne voyons que des formalités administratives qui n’apportent aucune solution aux problèmes de fond. Les fonds alloués à l’éducation semblent se dissiper bien avant d’atteindre les écoles, » ajoute une enseignante, dénonçant implicitement une gestion opaque et politique.
De surcroît, l’insistance sur l’application du décret n°033 interdisant l’usage des téléphones portables pendant les cours, présentée comme une mesure de discipline, ne fait qu’accentuer le fossé entre les priorités affichées par l’État et les besoins réels de modernisation du système éducatif. Dans un monde où l’accès aux technologies de l’information est crucial, cette mesure semble déconnectée des enjeux contemporains et témoigne d’un attachement aux rituels plutôt qu’à une stratégie éducative innovante.
L’ombre d’une gestion politique défaillante plane sur cette visite de l’Inspection Départementale, révélant un système qui se contente d’effleurer la surface des difficultés sans jamais s’attaquer aux racines du problème. La cérémonie de levée des couleurs, organisée dans un contexte de prétendue rigueur administrative, se transforme ainsi en une mise en scène destinée à rassurer temporairement un public de plus en plus critique. Comme le souligne un parent d’élève : « Nous avons besoin d’actions concrètes, pas de ces visites symboliques qui ne font qu’ajouter aux discours creux de nos responsables. »
Face à ce constat, il est urgent que Tchad prenne des mesures radicales pour réformer son système éducatif et pour que ces visites ne servent plus qu’à masquer une réalité inacceptable. Seule une prise de conscience profonde et une volonté politique de transparence permettront de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve l’éducation au Tchad.